Mano Solo sort La Marmaille Nue en 1993. C’est son premier album. On y découvre une force, une essence vitale. La voix de Mano porte chacune de ses chansons au-delà du désespoir, une lueur jaillissant du noir le plus profond, une terrible rage d’être, tout simplement d’être, devant les hommes, devant la vie, devant la mort, être.
On y croise le Paris bohème, le Paris de la rue, des bars, aux limites de la crasse, le Paris romantique, quand même, le Paris vivant, debout, tout ça porté par cette voix puissante et sincère, des tripes et du coeur.
Vendu à plus de 100 000 exemplaires, cet album marque ceux qui l’écoutent d’une empreinte profonde, un tatouage au fer rouge qui se remet à bruler dès que se reprennent en coeur, le temps d’une soirée, d’une nuit, ces magnifiques couplets. Une guitare suffit à faire passer l’émotion, le temps d’une chanson, le temps d’une évasion.
1. La barre est dure
Accroche toi bonhomme… Lâche rien, dans les vents les tempêtes, garde le cap, garde ton cap. « Déchire cette eau à grand coup d’hélice ». Au bout, ta victoire, ou pas. « ta victoire est si vaine, qu’elle ne peut qu’être vaine ».
2. Allo Paris
Allo Paris pour prendre de tes nouvelles, mais pour régler nos comptes aussi. Tu as tellement promis Paris, tu m’as tout pris.
3. Je marche seul
« Je marche seul, avec plus personne à qui faire la gueule ». Nouvelle histoire, nouvel échec, encore et encore. « Tous mes amis m’ont dit, que c’était moi mon pire ennemi ».
4. Sacré coeur
Paris vu du béton, le Sacré Coeur gros comme ça, de Pigalle au Louvre, collé au pavé avec « le sacré coeur qui palpitait tout bas ».
5. Chacun sa peine
Sur les quais du canal St Martin, à l’aube d’une nuit blanche, les ruines d’une révolution industrielle et ses laissés pour compte.
6. 15 ans du matin
Autobiographie. Ca se passe de commentaire, l’une des plus belles de toutes. « Et à grand coup de butoir j’explose le cafard ». On comprend l’homme, sa démarche d’artiste. On comprendrait même un peu mieux La Vie.
7. Pas du gâteau
A titre personnel, celle qui me touche le plus. Voir dans yeux d’un môme ce que l’on a dans le ventre. Comment accepter de ne même plus pouvoir le rêver?
8. Julie
A grand coup de picon bière, les coudes sur le comptoir. Perdu dans les (beaux?) yeux d’une serveuse, perdu dans un troquet à repousser coute que coute l’heure de rentrer chez soi, l’heure de reprendre le cours de notre sinistre vie.
9. Allez viens
« C’est toi que je pleurerais demain, quand tu m’auras laissé, quand tu m’auras repris bien plus que tu m’auras donné ». Portrait d’une histoire d’amour, passée ou futur. On en revient toujours au même.
10. Toujours quand tu dors
Des difficultés à parler, à partager. Qu’on est seul, même à deux. Qu’on s’isole, dans nos têtes, dans nos peines, nos interrogations, nos peurs. Autisme émotionnel, incompris face à la vie et l’amour.
11. Au creux de ton bras
Une vie de junkie. Quand le monde tourne autour d’un shoot, quand de la poudre nait la lumière. « Et quand le rouge se mêle au blanc, c’est la fin du tourment ». Un misérable sac d’os humilié devant sa dose, à genou devant les chiottes. Survivre pour s’échapper, encore… jusqu’à…
12. Le monde entier
« Le monde entier n’a même pas vu, qu’on t’avait retrouvé pendu ». Déshumanisation, isolement, du désespoir à la non existence. « A tes pieds deux trois desseins, et des lettres à tes copains ».
13. La lune
La lune pour une pulsion sexuelle, quand on va aux putes pour se sentir aimer, détresse affective et misère sentimentale. « Et la lune reflétait par terre, comme une étoile de mer »…
14. On boira de la bière
Chanson d’ivresse, dans le bon moment de la cuite, quand on ne pense plus a rien, même plus à ce qui ne va pas. Dans l’instant, à fond, pour ne surtout pas penser à demain. Repousser l’heure du sommeil toujours, pour ne pas être effrayé par le réveil.
15. Trop de silence
Ces silences qui vous glacent les sangs, ces silences pesants, ces silences qui portent en eux trop de sens. Le silence, c’est la mort.
Du rock, du jazz, un métissage de son déjà, un style tellement particulier, où s’y mélange tous les quartiers, les ghettos, et une base franchouillarde à s’abîmer les genoux sur les trottoir de Paname. A hurler qu’on est vivant, au nez et à la barbe de tous les bien-pensants, des préjugés et des idées préconçues.
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