Retour sur un chef d’œuvre: Volontaire d’Alain Bashung. Ce titre sort en 1982 sur l’album Play Blessures, et participe à révéler la noirceur de l’artiste, avec des textes aussi sombres que les mélodies et les arrangements.
Cet album, écrit avec Serge Gainsbourg, permet à Bashung d’acquérir une crédibilité certaine dans le monde du rock, et reste encore aujourd’hui une référence, aussi bien dans l’œuvre de l’artiste lui même que dans le rock français. Album difficile d’accès, il restera un échec commercial.
Volontaire fut ensuite reprise en duo avec Noir Désir (sur le triple album Best Of En Route Pour La Joie) pour une réussite suprême, les timbres marqués de Bashung et Cantat se mêlant avec délice dans une atmosphère d’auto-destruction planante, droit dans le mur la tête haute, et les yeux grands ouverts.
On reconnait la touche Noir Désir de la guitare de Serge Teyssot-Gay aux tics rythmiques de Denis Barthe, et la voix à fleur de cordes vocales de Bertrand Cantat auquel répond un Bashung d’une noirceur abyssale, on sent la pression à chacune de leurs intonations. Le ton est donné, provocation, mutilation, et force d’interprétation.
La version Bashung seul en écoute:
La version Bashung + Noir Désir en écoute:
Le texte:
Émotions censurées
J’en ai plein le container
Je m’accroche aux cendriers
M’arrange pas les maxillaires
Section rythmique, section de combat
Effets secondaires
C’est quelles séquelles
C’est tout ce qui me reste de caractère
Tête brûlée
J’ai plus qu’à m’ouvrir le canadair
N’essayez pas de m’éteindre
Je m’incendie volontaire
A l’analyse il ressortirait
Que je suis pas d’équerre
Vol de nuit sur l’Antarctique
J’attends la prochaine guerre
Jamais d’escale
Jamais de contact
Avec l’ordinaire
Perdu la boussole le compas
Erreur volontaire
Frôler des pylônes
Des canyons
Frôler l’éphémère
Si tu touches
Si tu te crashes
Tu rentres dans le légendaire
Réalité
Réalités
Punition exemplaire
Si c’est pour jouer les fugitifs
Moi je suis volontaire