Cinq ans après s’être révélés au grand public avec « Blow », les Belges de Ghinzu sont la nouvelle sensation rock indé. Avant d’électriser les salles françaises à partir du 20 octobre, John et Mika, respectivement chanteur et bassiste du groupe, se sont dévoués pour répondre à nos questions.
John et Mika, tous les autres membres ont gardés leur nom, pourquoi avoir choisi d’utiliser un pseudonyme ? D’ailleurs, quelle est la signification de « Stargasm » et « Nagazaki » ?
– John : J’ai toujours voulu avoir un nom de star de porno Est-Allemande, et j’ai toujours adoré les pseudos des Cramps, entre autres, comme Poison Ivy ou Lux Interior.
– Mika : Dans mon cas, c’est plus accidentel. Au tout début du site de Ghinzu, à l’époque où nous n’avions même pas encore enregistré un demi-album, il y avait un forum et des concours dans lesquels tout le monde avait des pseudos à consonance japonisante. J’ai pris le premier qui me passait par la tête. Ensuite comme je trouvais mon vrai nom pas très rock’n’roll, je l’ai gardé pour le mettre sur la pochette de l’album sans savoir que je le traînerais encore dix ans…
Vous êtes tous multi-instrumentistes, comment ça se passe en studio et sur scène ?
– John : Tout le monde joue en effet un peu de tout. En studio, comme l’énergie de Greg est assez difficile à canaliser, Mika doit parfois enregistrer certaines de ses lignes de guitare pour gagner du temps… Comme nous considérons le studio comme une sorte de laboratoire, chacun a l’opportunité d’amener ce qu’il veut avec l’instrument de son choix. Après ça, on trie… Pour la scène, en général il n’y a pas vraiment de choix possible, on privilégie l’efficacité.
Comment se crée une chanson chez Ghinzu ?
– John : Il y a plusieurs possibilités, même si la composition d’une chanson reste toujours très intuitive chez Ghinzu. Dans la majorité des cas, on pourrait dire environ trois quarts des chansons, j’arrive avec quelques accords de piano et souvent une mélodie de voix sur lesquels tout le monde vient se greffer plus ou moins comme il le sent. Dans d’autres cas, tout commence par une ligne toute simple de basse ou de guitare que Mika joue dans son coin de manière presque inconsciente. L’un de nous s’en rend compte et dit « c’est quoi ce truc que tu joues, ça tue! », et Mika nous fait « ah ben, chais pas, je jouais n’importe quoi ». Ce fut le cas pour « Do You Read Me » par exemple. Et enfin, il y a les jams dans lesquelles nous partons parfois totalement en couille. Comme nous les enregistrons, nous pouvons ensuite les couper, les saucissonner et les torturer pour en faire des chansons comme « Kill The Surfer ».
Sur chaque album, on a vu arriver un 5ème membre. Sanderson sur Electronic Jacuzzi, Kris sur Blow et là, c’est Jean sur Mirror Mirror. Pareil pour le prochain ?
– Mika : Impossible de prévoir ce que l’avenir nous réserve, mais la formation actuelle me semble fonctionner parfaitement.
J’ai entendu dire que vous aviez enregistré Blow dans une centrale nucléaire. C’est quoi cette histoire ?
– John : Un délire de notre webmaster qui avait un peu forcé sur la mescaline.
Et Mine ? Enregistrée à 2 heures du matin, un peu bourré, à trois ? Info ou intox ?
– Mika : Tout à fait exact. Il faut savoir que « Mine » est la seule chanson qui a survécu à l’époque où Ghinzu était un trio composé de Greg, John et moi. Après « Electronic Jacuzzi », notre premier album, Fabrice notre batteur avait déjà quitté le groupe une fois. Sanderson étant rentré définitivement aux Etats Unis, il ne restait plus que le trio que l’on pourrait maintenant qualifier de « Ghinzu Canal Historique ». Pour l’anecdote, nous venions de recruter Kris Dane pour jouer la batterie lorsque Fabrice est revenu sur sa décision. Nous n’avons pas eu le courage de virer Kris et lui avons dit qu’il pouvait rester pour jouer la gratte, les claviers et accessoirement chanter s’il le voulait. Pour en revenir à Mine, nous l’avons en effet enregistré entièrement live tard dans la nuit avec Greg à la batterie comme à l’origine et dans un état peu reluisant, oui.
Il y a deux pochettes différentes pour Blow, sur la pochette française, on voit deux chevaux qui semblent s’embrasser, pourquoi avoir choisi cette image ?
– John : C’était une vieille photo grand format en noir et blanc qui trainait dans notre local de répète. Elle appartenait à un ami de Greg. Nous la trouvions très forte et puissante et avons tout fait pour retrouver son auteur pour lui demander l’autorisation d’exploitation. Mais nous n’avons pas réussi…
Mirror Mirror semble moins trippant et plus puissant que Blow… Mirror Mirror perfectionne et modifie des choses de Blow de la même manière que Blow le faisait déjà d’Electronic Jacuzzi.
– John : Nous avons voulu que cet album soit beaucoup plus représentatif de ce que Ghinzu était sur scène. Nous avions quelques regrets vis-à-vis du son de « Blow » pour ce qui était des parties qui, sur scène, étaient les plus puissantes. Nous avons donc pris un soin particulier pour cet aspect de l’album « Mirror Mirror », ce qui fait qu’il est plus direct, moins filmique et atmosphérique que « Blow ».
Vous avez été aussi repris dans plusieurs films : Les chevaliers du Ciel, Dikkenek, Ex-drummer, Irina Palm, Nous resterons sur Terre, Taken… Est-ce que cela vous donnerait envie de réaliser un jour une BO complète comme l’a fait le groupe Archive en 2005 pour le film Michel Vaillant ? Si oui, quel serait le réalisateur de rêve pour Ghinzu ?
– John : C’était déjà le cas pour « Irina Palm ». Le réalisateur, Sam Garbarski, voulait une musique très lente, lourde et répétitive pour accentuer certains aspects de son film. Ce qui fait que c’était un exercice pas si facile dans la mesure où il était ardu pour nous de libérer la cavalerie. Mais c’est vrai que c’est quelque chose qui nous excite énormément et que bosser pour, par exemple et par souci d’obtenir l’adhésion des autres membres de Ghinzu, David Lynch, Michel Gondry ou Spike Jonze serait une consécration!
Et faire des chansons pour des films ou des pubs, est-ce aussi une autre façon de se faire connaître ?
– Mika : Assurément, et c’est aussi une manière d’entrer dans l’inconscient collectif.
La tournée « européenne » a déjà commencé, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
– John : Nous sommes en meilleure forme que jamais. La saison des festivals se termine, nous sommes devenus de vraies machines de guerre! Nous attendons avec impatience le retour dans les salles en automne.
Vous êtes plutôt du genre à vous embarquer dans des tournées éprouvantes et épuisantes. Quel est votre secret pour tenir le coup ? Une potion magique connue uniquement des belges ?
– Mika : Maman, notre tour manager, nous prépare à chacun un biberon de frites sauce andalouse. Il n’y a rien de tel si on le fait passer avec quelques litres d’alcool. Il nous le dépose sur notre oreiller dans le bus et on doit le boire avant de dormir. Sinon il se fâche! Seuls les deux techniciens chtis en sont dispensés.
A la différence d’autres rockers qui arrivent souvent assez débraillés sur scène, Ghinzu opte toujours pour le costume classe et les lunettes noires. Marque de reconnaissance ? Envie de se la jouer rock star ?
– John : J’ai toujours pensé que l’attitude est presque aussi importante que la musique pour un groupe de rock. Comme nous avons voulu nous démarquer des groupes en jeans-Tshirts, le choix du costume – pas toujours classe mais sur scène ça ne se voit pas – s’est imposé de lui-même. Depuis lors, le port du costume s’est quasi généralisé et nous envisageons pour la suite un changement important mais je ne vous en dirai pas plus pour l’instant.
– Mika : un retour au bon vieux jeans et T-shirt!
Vous avez déjà beaucoup tourné en France, que pensez des groupes français avec lesquels vous avez joué ?
– John : On est restés potes avec les groupes avec lesquels nous avions joué lors de nos tournées pour l’album « Blow », Deportivo et Gomm. Même si nos styles musicaux n’ont aucun rapport. Cette année on a rencontré pas mal d’autres groupes, parmi lesquels Birdy Nam Nam qui sont vraiment bluffant sur scène, ou encore Yuksek qui fait des trucs vachement sympas.
Et les Eurockéennes alors ? Cette coupure de courant au milieu du concert alors que le public était chaud bouillant, pas trop frustrant ?
– Mika : Non, c’était juste un entraînement pour la coupure de courant que nous avons eue à Werchter deux jours plus tard. Mais ça ne s’est pas passé comme prévu, l’électricité devait être rétablie et ça n’a pas été le cas.
Vous serez au Zénith de Paris le 23 Octobre, vous commencez un petit peu à tenter les grandes salles ? A quand la tournée mondiale ?
– John : Ce n’est pas aussi simple. Pour l’instant, notre album n’est distribué qu’au Bénélux, en France et en Suisse. D’autres pays suivront au début de l’année prochaine. On verra comment il y sera accueilli et puis on pourra en reparler si vous voulez.
La promo il faut bien s’y soumettre ou c’est un plaisir ?
– Mika : ça dépend des fois, vous voulez parler des longs interviews par Internet qui nous prennent trois heures au beau milieu de la nuit? Non j’déconne…
S’il y a bien un sujet qui fait débat actuellement en France, c’est le téléchargement. Quelle est la position de Ghinzu à ce sujet ?
– Mika : C’est effectivement un sujet délicat. Personnellement, et si l’on élude le débat sur la propriété intellectuelle, je considère qu’il y a trois types de groupes. D’abord, le jeune groupe qui doit absolument se faire connaître par tous les moyens et qui a tout intérêt à ce que sa musique circule le plus possible. A l’opposé, il y a les groupes ultra-connus qui vendent de toute façon une chiée d’albums, même si en quantité moindre maintenant. Acheter leurs albums si on en est pas fan inconditionnel ne sert qu’à les rendre encore plus riches. Toutefois, les majors ont besoin de ces groupes pour investir sur des groupes émergents. Au milieu, il y a les groupes comme Ghinzu qui, sans vendre des millions de disques dans 150 pays, ont une fanbase relativement importante, et pour qui vendre des albums à un quart des personnes qui le téléchargent illégalement changerait pas mal de choses financièrement. Après ça, c’est vrai que les musiciens ne sont pas sur un pied d’égalité avec les autres catégories d’artistes comme les écrivains ou les sculpteurs, par exemple. Si on veut lire un livre, on en fait rarement une photocopie, on va l’acheter ou on l’emprunte!
Je ne sais pas si vous avez suivi ce qui se passe actuellement en France. Dans le but de freiner le téléchargement le gouvernement tente de faire passer une loi visant à couper l’accès internet des personnes qui téléchargent. L’affrontement est assez musclé entre ceux qui réclament le retrait de cette loi liberticide (de nombreux doutes subsistent sur la possibilité de se défendre lorsque l’ont est accusé de téléchargement) et ceux qui trouvent que c’est une bien maigre punition pour des gens qui volent des créations. On a vu plusieurs artistes soutenir cette loi, d’autres au contraire tenter de tirer la sonnette d’alarme. Quelle serait la réaction de Ghinzu si une loi équivalente était proposée en Belgique ?
– Mika : on nous interdit déjà tellement de choses. L’idéal serait la conscientisation des gens, qu’ils se rendent compte que s’ils ne soutiennent pas les artistes qu’ils aiment ceux-ci pourraient un jour devenir employés de banque… Mais en même temps s’ils n’ont pas d’argent pour acheter les albums ça ne change pas grand chose pour les artistes, alors autant être écoutés.
On voit de plus en plus des groupes offrir des chansons sur Internet. Votre statut de groupe indépendant vous permettrait ce genre de liberté. On peut imaginer voir ça arriver un jour ? Ou ce n’est pas votre genre ?
– Mika : On ne peut rien exclure, nous avons toujours quelques morceaux dans les tiroirs.
On vous a sans doute posé plusieurs fois la question sur les groupes belges que vous adorez ? Cette fois-ci on fera le contraire : Ghinzu quels sont les groupes belges que vous détestez ?
– John : difficile de répondre, vu que les goûts musicaux sont très différents parmi nous. On peux dire que Mika détestera à coup sûr tous les groupes métal, un genre qu’il abhorre, mais il sera impossible d’avoir un avis unanime sur la question.
Quel décès vous a le plus touché : Alain Bashung ou Michael Jackson ?
– Mika : Personnellement, j’ai plus été touché par la mort de Bashung. Il a bercé MES années 80 et je lui suis resté fidèle. Même si toute mort est triste.
Miroir miroir, quel est le plus beau membre chez Ghinzu ?
Joker!
Finissons dans la bonne humeur, une petite blague sur les français ?
– Mika : Quel est le comble du pléonasme? Un français moyen…
Site Officiel
MySpace
Page Facebook
Page Ilike
Wikipedia
Pour les découvrir sur Deezer
Le groupe sera en tournée en France à partir du 20 octobre :
20-10-2009 Le Phare – Toulouse / Tournefeuille
21-10-2009 Le Transbordeur – Lyon
22-10-2009 La Coopérative de Mai – Clermont Ferrand
23-10-2009 Zenith – Paris
12-11-2009 Het Depot – Leuven
13-11-2009 Metropop / Docks – Lausanne
14-11-2009 Le Kiff – Araau
15-11-2009 Picardie Mouv’ festival – Le Zenith, Amiens
16-11-2009 La Vapeur – Dijon
17-11-2009 Theatre Lino Ventura – Nice
19-11-2009 L’autre Canal – Nancy
20-11-2009 Aeronef – Lille
21-11-2009 L’Atelier – Luxembourg
27-11-2009 Mezz – Breda
28-11-2009 Cactus Club – Brugge
2 commentaires
On me dit dans l’oreillette que le Zenith est maintenant complet ! Ca va roxxer !!!
Ghinzu…………!
la classe internationale les enfants…encore merci pour cette (si longue) interview nocturne.
{
Quand je serai grande je serai un panda ou bien Marguerite Duras ou bien encore John Stargasm…} ^^