Je ne vais pas leurrer le lecteur de cette chronique, le Hip Hop et ses variantes n’ont jamais été ma tasse de thé, mais quand je me prends à goûter à un grand cru, savant mélange d’arômes avec quelques touches épicées, je me laisse prendre au jeu. Mes références sont plutot Old School, et le Wu Tang Clan ou Dr Dre hantent encore mes oreilles. Concernant la nouvelle scène, je reste hermétique. Alors quand on m’a dit « Tu verras c’est un peu du Massive Attack, avec un DJ qui maitrise ses platines, et une sublime flutiste » Je me suis dit « Ah ouais quand même » et me suis organisé pour assister à la première date de la nouvelle tournée de Wax Tailor à L’autre Canal de Nancy. Une première date de tournée, ca doit être marquant pour un groupe, d’autant plus quand elle se joue à guichet fermé.
Comme à mon habitude, j’ai suivi la première partie avec intérêt, et encore une fois une grosse découverte. Assurée par le groupe britannique A State of Mind qui a offert 45 minutes de plaisir vocal. En toute logique, en première de Wax Tailor on a eu le droit à un mélange de flow vocal endiablé accompagné d’un DJ et de deux cuivres (Trombone, et Saxophone). Admettons que cette formation n’a pas le rodage de Wax Tailor, que certains échanges sont brouillons, manquent de coordination, mais l’enthousiasme et le plaisir qu’ils prennent à poser leurs paroles se sent, et très vite les premières mains se lèvent. Le jeu entre les cuivres et les chanteurs est vif, dynamique. Aucun temps mort, quelques paroles d’usage vis à vis du public, pour l’encourager, et pendant une petite heure, on bouge la tête emporté par les cuivres, secoué par le sublime phrasé des chanteurs (oui le hip hop en anglais, c’est toujours plus classe) et amusé par les essais de chorégraphie où les 4 trublions sautent et courent partout sur la scène. Ça se terminera sur des encouragements à acclamer Wax Tailor, et le public chauffé à blanc ne se fait pas prier.
Le décor est autre, plus construit, plus fouillé, plus réfléchi, un paysage urbain en fond de scène, des lampadaires, des écrans lumineux. Aucun doute Wax Tailor, emmené par Jean-Christophe aux platines va occuper l’espace visuel et sonore. Si je devais traduire au mot le nom du groupe ce serait « Tisseur de cire » pour vous ca ne veut rien dire, mais lorsque vous aurez la formation devant vous, tout prend son sens. Les sons se fondent entre eux, les personnalités se mélangent, les voix se complètent, et l’alchimie se produit sans attendre. La charmante Ludivine à la flute traversière m’a vite conquis, appuyée par les scratchs efficace, son instrument que je trouvais déjà sublime, voit son impact décuplé, et tout s’emmêle. Très vite entre sur scène Marina, au timbre de voix chaud, enivrant. Je ne suis pas expert pour décrire sa voix, mais imaginez le parfum doux et fruité d’une charmante demoiselle croisée dans la rue, qui vous fait vous retourner sur ses pas, c’est un peu cet effet là. Et tant qu’a faire, non content de ces trois là (DJ, Voix, Flute) le tisseur de cire nous offre un violoncelle, l’instrument qui m’a toujours fait rêver, et un violoncelliste passionné et passionnant. Et pendant tout le concert on en oublie qu’il y a quatre individus sur scène, et on imagine une seule entité aux multiples talents musicaux. La set list est essentiellement composée de sons du nouvel album, remixés à la sauce du live, le tout saupoudré de morceaux phares du live Que sera. Qui rend hommage à la voix de Marina).
Une heure et demie de spectacle, dans une salle remplie, où les gens bougeaient au rythme des scratchs, ou les gens sourient, lèvent les bras et tournent la tête en rond…
Après m’avoir lu, vous ne croiriez pas que j’ai passé la moitié du concert au bar, blasé du vigile cow-boy qui m’a jeté au bout de deux chansons de l’avant-scène (j’étais le seul photographe, donc sûrement trop visible) et que j’ai bu en profitant de la compagnie de semblables déjà bien imbibés. Preuve en est que Wax Tailor a réussi son travail, remplir notre tête de sons, nous emmener dans son univers.