Grosse soirée électro ce soir à l’Olympic. Deux groupes aux univers très personnels, retour sur la soirée Vuneny + Ez3kiel vs Hint, nous sommes le 15 avril 2010, il est 20h30.
Vuneny
Premières impressions dans le fumoir de l’Olympic, après le concert:
« Je connaissais pas du tout, vous savez d’où ils viennent ? »
« De Bosnie-Herzegovie. » répondis-je.
« Ah ouais ? Franchement c’était super, je comprends pourquoi ils font la première partie de Ez3kiel et Hint. »
En effet, ces deux monstres de l’expérimental que sont Andrijan Zovko (claviers/périphériques midi/sample) et Nedim Cisic (claviers/guitare), en plus de partager le goût de l’électro saturé, du rock, du dub et de diverses autres influences musicales, tous les deux se partagent le même label Jarring Effects ainsi que Matthieu Fays, batteur d’Ez3kiel qui a rejoint la formation balkanaise spécialement cette année.
Si les réactions suite au concert étaient plutôt bonnes à la fin de la prestation c’est que « les hommes de laine » (traduction de Vuneny) savent y faire pour capter un public tout entier et le transporter au delà des frontières qui séparent, rêve et réalité.
Tirés de leurs trois derniers albums, Andrijan et Nedim exposent sur scène ces bruits sombres et étranges qui s’entre-mêlent et se superposent, installant ainsi une ambiance lourde et bruyante.
On est saisi, attrapé de part en part avant d’être balancé un peu partout au coin de la salle, littéralement lynché par la rythmique !
Violente et chaude cette fois, l’atmosphère s’alourdit un peu plus à chaque coup de baguettes que manie Matthieu et à chaque riff que joue Nedim pour des envolées agressives aux milieux de basses ronflantes qui ne laissent personne insensible.
Adrijan et Nedim ont grandi avec la guerre, l’horreur jetée devant leurs yeux alors qu’ils étaient encore adolescents. Conscients de ça ou non, en tout cas sur scène il ressort une certaine froideur et une rigidité dans la musique jouée qui peut rebuter au premier abord.
Mais Vuneny sait aussi se montrer sensible et un peu plus léger intégrant des passages instrumentaux à base de violons par exemple, rappelant aussi bien Battlefield d'(encore une fois) Ez3kiel que les géniaux High Tone.
Durant ces 40 minutes de prestations environ (un peu court de ce côté là), le trio aura joué avec nos nerfs, la mise en scène venant accentuer le sentiment de tension subsistant dans la salle à grand renfort de lumières alarmantes comme lors du morceau Curse Of Sound, un morceau tout en retenue qui irrite le spectateur lui faisant serrer les dents en attendant qu’un des membres du groupe lâche enfin la rythmique et fasse partir le morceau !
Entre musicalité et expérimentations, violence et sensibilité, chaleur et rigidité, Vuneny se joue des contrastes et des influences pour livrer une expérience sonore riche et puissante !
Ez3kiel Vs HInt
Quand la lumière se rallume et que l’on découvre la disposition de la scène à venir, tout le public s’attend à du lourd, du très lourd. Pour vous donnez une idée, c’est comme-ci un grutier venait de lâcher 10 tonnes d’instruments et de machines diverses devant nos pieds.
Le public n’a plus qu’à prier pour que les vibrations ne fassent pas tomber les murs de l’Olympic.
Les lumières s’éteignent, le show peut commencer. Ez3kiel Vs Hint, l’affiche annonce un combat d’anthologie, façon Ali contre Frasier et l’introduction laisse entendre que le duel est sur le point de s’engager.
6 musiciens se partagent ce qu’il reste d’espace sur la petite, mais très réputée, scène de l’Olympic pour une entrée en bottes, éperons et chapeaux de cow-boy dans une ambiance Ennio Moricone où les trompettes annoncent le début du match.
Et la démesure des moyens déployés est à la hauteur du projet: 3 guitares, 2 batteries (avec Matthieu derrière l’une des deux, toujours en forme!), une basse, claviers, machines, xylophones…. pfiou !
Alors qu’ils nous avaient habitués à intégrer des parties visuelles dans leurs performances, là, grosse surprise, la formation a préféré laisser cet aspect de côté (sûrement pour une raison d’espace aussi) pour faire profiter pleinement l’auditeur du spectacle sonore.
Mais attention, si la vidéo n’est plus présente, Ez3kiel vs Hint n’en délaisse pas moins la mise en scène.
Ainsi la lumière joue un rôle à part entière, store vénitien à l’appui, que le batteur (Stéphane, le dernier venu chez Ez3kiel) s’amuse à ouvrir et refermer en passant ses baguettes dessus.
De 100% with the puzzle à Versus en passant par Chinatown (reprise du groupe Bastard) la formule Ez3kiel + Hint fonctionne à merveille et fait des étincelles. Difficile de se contenir quand tout ce petit monde se déchaine devant nos yeux, faisant crier leurs guitares et leurs voix déchirées au milieu de ces ambiances digitales et pleines de fureur ! Car quand on veut que ça pète… et bien ça pète !
On redécouvre alors une dimension à laquelle on ne faisait pas vraiment attention avant, celle de la musique.
Heureux de retrouver ces deux groupes jouer ensemble aujourd’hui, le public de la première heure (le crâne dégarni par le temps), les nouveaux fans (et les petits curieux même, qui ne demandent qu’à prendre un peu de plaisir le temps d’une soirée), applaudissent et rendent hommage à ces deux groupes qu’ils ont vu débuter chacun de leur côté et qui les ont marqué lorsqu’ils étaient plus jeunes.
« Ez3Hint » nous emporte dans ses ambiances bien connues et revisitées aujourd’hui par deux groupes, où d’un côté les aspirations noise de Hint retombent sur l’électro massive d’Ez3kiel pour un rendu inexplicable presque, mais tellement jouissif.
Et quand on les voit sur scène, on se dit vraiment que ces deux-là se sont trouvés.
Myspace Vuneny
Site Officiel Ez3kiel
Myspace Ez3kiel
Myspace Hint
Plus de Photos de Vuneny + Ez3kiel vs Hint sur Flickr