Nantes était à l’honneur ce mercredi 12 mai 2010 au VIP de Saint-Nazaire grâce au groupe Tribeqa, l’occasion pour nous de leur poser quelques questions.
Deux ans après le premier album vous remettez ça avec Qolors, autant dire que vous n’avez pas chômé entre les concerts, les collaborations… L’envie de faire un deuxième album est venue tout de suite ?
Josselin : En fait, l’idée du groupe est née il y a 6-7 ans maintenant et le premier album marquait la fin de ce premier travail. Quand on l’a sorti, on avait déjà commencé à travailler sur le deuxième, pendant 1 an ou 2 an et comme on avait déjà fait l’anticipation, on a pu commencer à faire les demandes de subventions. Faire les morceaux, les structurer, les répéter mais ça nous a quand même pris un vrai temps, 2 ans à travailler d’arrache pied.
Le temps a dû passer très vite…
Josselin : Et bien c’est pas facile à gérer.
Dj Djo : L’album on l’avait déjà maquetté un an auparavant, on savait déjà où on voulait en venir, et tu vois on a mis presque un an encore à faire du nettoyage, de l’édit… vraiment arriver à la forme qui est sur le disque.
Vous allez encore plus loin dans le métissage avec cet album au vu des collaborations : MC espagnols, gabonais… ?
Josselin : En fait, ils sont pas gabonais, ils sont burkinabés. Wamian Kaid, c’est un rappeur burkinabé qui, maintenant habite en Suisse. Kadi Koudibali, c’est une danseuse griotte, qui vient faire les tournées en France de temps en temps. Et on a aussi Blake Worrell des PuppetMastaz qui lui est un expatrié, originaire de Los Angeles et qui vit aujourd’hui à Berlin. On a, sinon, Mauikaï qui est une fille qui vient de Floride et qui habite à Nantes maintenant, qui est aussi cubaine et c’est pour ça qu’elle chante en espagnol.
Blake Worrell, c’est un peu surréaliste comme collaboration ?
Étienne : Ça s’est fait sur une date, sur un super festoch’ à Boulogne, le festival Poulpaphone. On faisait la première partie, il a bien kiffé et il nous a dit qu’il serait enchanté de poser les voix sur ce nouvel album.
Pensez-vous que sans tous ces voyages et ces rencontres il n’y aurait pas eu Tribeqa aujourd’hui ?
Josselin : Je pense que Tribeqa existerait mais sous une forme différente peut être plus instrumentale. Le fait de pouvoir s’ouvrir, d’être un groupe instrumental, permet de pouvoir inviter tous les groupes que l’on veut, tout les musiciens aussi, Magic Malik sur le premier album, Geoffroy Tamisier sur les deux albums d’ailleurs à la trompette. Ça nous alimente.
Dj Djo: C’est vraiment des rencontres coup de cœur, des fois ça c’est fait dans un cadre musical, c’est pas genre on connait le mail d’un gars qui a un plan pour avoir un feat., c’est toujours des gens qu’on a rencontré. Y’a eu un kiffe musical et d’où une collaboration derrière.
On n’imagine pas {Tribeqa sans le balafon, qui a été posé sur l’album de Hocus Pocus déjà et qui est devenu une marque caractéristique de votre musique, est-ce que, Josselin, tu pourrais nous raconter l’histoire de cet instrument ?}
Josselin : J’ai un ami qui s’appelle Harouna Dembélé qui jouait dans les Yélemba, qui sont venus faire 10 ans de tournée, à faire tous les grands festivals du monde, qui était sur Nantes et qu’on a rencontré en 95 avec Benji (le batteur du groupe). Moi j’ai noué des liens forts avec lui. Il faisait du balafon, moi du vibraphone et donc je lui ai demandé s’il était possible de faire un balafon vibraphone. Donc on a fait faire ça en Afrique et quand je l’ai reçu, c’était la fin du groupe (le Karré Magik), alors j’ai redécidé de monter un groupe autour de cet instrument.
Votre musique est en constante évolution et on peut le voir rien qu’avec le morceau Ceremony, qui va passer d’une rythmique à une autre, du balafon pour enchainer avec un solo aux platines… c’est en ça qu’on peut interpréter le titre de l’album, Qolors ?
Etienne : Qolors c’est plus sur le contenu musical en lui-même, mais c’était peut être déjà le cas sur le premier album, qui est déjà assez riche en couleurs, peut être que maintenant la palette s’est élargie, en tout cas on fait plus le grand écart entre des morceaux aux ambiances acoustique ou jazz et il y a carrément des moments plus rock, plus hip-hop… C’est plus diversifié.
Josselin : Par rapport au premier album, on a eu beaucoup de retours comme quoi, on avait une couleur propre, qu’il n’y a nul part ailleurs, en tout cas dans les enchainements d’instru et, en gros, le deuxième album c’est une confirmation de ce qu’on avait mis dans le premier.
DJ Djo : Ça tient peut être du fait aussi qu’on a joué le premier album pendant deux ans sur la route et la formule live prenait plus d’ampleur, s’épaississait au fur et à mesure des concerts, le deuxième album du coup reflète aussi plus ça. Forcément ça reste du Tribeqa mais c’est plus tranché, avec des choix plus affirmés.
On sent que le disque est très construit, très technique, avec pas mal d’invités, du gros boulot en somme. Comment, suite au disque, avez-vous préparé l’aspect scénique ?
Josselin : Si on regarde dans la globalité, l’album a été construit de façon à pouvoir faire un set live assez facile pour nous, réadaptable en tout cas. Le truc c’est qu’il y a quand même des morceaux comme tu dis avec des chanteurs et on est en train de travailler dessus, comme pour « Bridge The Gap » sur le premier album, sur le fait d’utiliser les voix d’une façon différente avec le groupe, soit vocalement ou à l’aide des platines. Et on aime bien ça parce que ça change du côté instrumental.
Dj Djo : C’est comme si on se faisait un remix en live si tu veux, on prend quelques bribes de voix et on va les réutiliser pour réarranger tout le morceau, pour ne pas le jouer tel qu’il est sur l’album, faut casser toutes les structures et réussir à faire son propre remix.
Que pensez-vous de toute cette scène émergente nantaise dont fait partie Hocus Pocus, Smooth, La Jam… ?
Josselin : C’est tous nos potes, donc du coup, on pense que du bien d’eux. On est dans la même dynamique, on a envie de faire plein de choses donc on avance ensemble aussi. On fait des featuring, on se croise, on fait des plateaux, des soirées… Je pense qu’on a la chance d’avoir ça, parce que ça arrive à mon avis par vague. Y’avait ça je pense, il y a 15 ans avec Dolly. Toute une vague rock, aujourd’hui groove, mais là, on a la chance d’être entouré de plein de personnes sur une base groove.
Dj Djo : Il y a toujours eu de la bonne musique à Nantes. Des groupes comme Beat Torrent, Pony Pony Run Run même si on aime ou pas, on a tous des styles très différents avec un bon vivier, mais on nous demande souvent : « Qu’est ce que vous mangez à Nantes? »
Josselin : Ce qui est bien, c’est que chacun a son truc, sa signature, on se marche pas dessus et du coup, on se respecte, on a des beaux échanges.
On aurait pu s’attendre à ce que 20syl viennent poser un couplet sur Qolors, histoire de rendre la pareille ?
Josselin : En fait, on s’est posé la question, mais comme je disais tout à l’heure, le deuxième album c’est une confirmation, on voulait affirmer le groupe Tribeqa. Mais par contre c’est évidemment dans nos objectifs futurs.
Photos : © David Gallard