À propos de Candy Darling : “Elle ne perd jamais la tête même quand elle vous taille une pipe.” Oh ! La surprise quand j’ai découvert pour la première fois la traduction de l’une des chansons les plus célèbres de Lou Reed, Walk On The Wild Side.
À vrai dire, je connaissais mal le personnage aussi. Sorti en 1972 sur l’album Transformer, le second album solo de Lou depuis la séparation du Velvet Underground, la séance d’électrochocs subie alors qu’il était encore adolescent avait déjà fait son boulot. L’âme torturée de Lou Reed révélait toute sa noirceur et son cerveau (qui s’en tire sans trop de séquelles) livrait alors tout son génie malsain à travers cette musique rock qu’il apprécie tant.
Impossible d’imaginer il y a quelques mois encore, qu’à travers ce duo basse/contrebasse aussi pure et limpide, cette voix tranquille et douce, ce solo de sax et bien sûr, ces choeurs qui à eux seuls plongent le morceau dans un des meilleurs trips que le rock ait connu ; impossible d’imaginer qu’à travers cette musique rentrée dans l’inconscient collectif, viendrait se nicher des propos aussi osés qu’impertinents.
Et là, (honte à moi) je venais de m’apercevoir que je passais depuis plusieurs années à côté de l’une des personnalités les plus influentes du rock contemporain (et pourtant j’ai Berlin à la maison). Un peu comme lorsque l’on croise un SDF dans la rue. On y prête attention quelques secondes et la seconde d’après, hop, on l’oublie. J’écoutais Lou Reed sans l’entendre.
Et c’est Walk On The Wild Side qui m’a amené à découvrir Lou Reed et la joyeuse troupe de la Factory warholienne qu’il fréquentait. Cet atelier où répétait le Velvet lorsque Warhol lui-même les produisait à l’époque. Dans cette chanson, le poète nous offre sa vision de Holly Woodlawn, Candy Darling, Joe Dallesandro et les autres (pour la plupart transexuels) qui ont fait la renommée de la Factory. Une galerie de portraits où se mêlent déchéance humaine, prostitution, drogue et où chaque personnage suit un itinéraire, où la destination n’est pas plus une finalité en soi que le voyage lui-même.
Cette chanson en dit long sur lui, son homosexualité mais aussi sur l’Amérique des 70’s et surtout New York. Lou Reed nous invite à « faire un tour du côté sauvage » (en français dans le texte), de se lâcher en se faisant l’avocat du diable d’une Amérique décadente. Il raconte ces paumés, ces loosers devenus superstars, les mettant sur le devant de la scène avec une déconvenue et légèreté presque ironique.
J’ai été impressionné par les paroles et, en écoutant à nouveau Walk On The Wild Side après m’être intéressé un peu plus à l’oeuvre de l’artiste, j’ai réalisé ce qu’il représentait aux yeux du monde et pour certains.
Avec ce titre, il a réussi sans se trahir, à produire un vrai succès commercial (un des seuls d’ailleurs) et influencer ainsi The Doors, David Bowie (qui a produit Transformer d’ailleurs) et donner naissance 20 ans plus tard à des groupes comme Nirvana.
Doo, Doo doo, Doo Doo-Doo Doo Doo…
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