Encore un soir où affalé dans mon canapé, une jambe maintenue au dessus du vide, l’autre négligemment jetée par dessus le dossier et la bave qui doucement commence à envahir mon oreiller (joli tableau !), je me repasse pour la énième fois le film Gladiator de Ridley Scott dans sa version longue. Je garde précieusement la télécommande dans la main pour être sûr de ne rater aucun des grands moments où Russel Crowe déchiquettera ses ennemis à grands coups d’épée et quand viendra son tour de sortir cette réplique mémorable : « Mon nom est Maximus Decimus Meridius, commandant en chef des armées du nord, général des légions Phoenix, fidèle serviteur du vrai empereur Marc Aurèle. Père d’un fils assassiné, époux d’une femme assassinée et j’aurais ma vengeance dans cette vie ou dans l’autre. »
Il y a des films qui vous marquent sans raison apparente à première vue. Quand j’ai essayé d’expliquer pourquoi j’aimais telle ou telle oeuvre j’ai remarqué au fil des films et parmi mes réalisateurs préférés une constante, trois noms qui reviennent sans cesse et qui ont contribué à faire de ces films, des films que j’aime, dont certains cultes, tournent en boucle depuis quelques années dans mon lecteur DVD.
Ces trois noms désormais connus depuis bien longtemps, cachent derrière eux quelques-uns des meilleurs compositeurs de musiques de films du moment. Howard Shore, Hans Zimmer, Danny Elfman pour ne citer qu’eux, ont fait des films de Scott, Scrosese, Burton, Nolan, Verbinski, Malik… des films cultes en signant des morceaux inoubliables pour le public, si bien que ces derniers ont dépassé le simple statut de musique d’accompagnement pour mener leur propre vie hors des salles obscures.
Comment imaginer Graachus (Derek Jacobi) prononcer ces mots devant le corps sans vie de Maximus (Russel Crowe) : « Qui m’aidera à porter son corps ? » sans entendre au fond de nous Now We Are Free de Hans Zimmer et Lisa Gerrard ? Pur moment d’émotion qui arracherait une larme à n’importe quel bourreau sur cette terre. Comment, encore, oublier ces flocons de neige tombant sur nos écrans et la partition de Danny Elfman dans Edward aux mains d’argent ?
Les exemples sont nombreux et on pourrait aussi bien citer John Williams pour Star Wars que Howard Shore pour Le Seigneur des Anneaux. Et même si ces compositions découlent toutes d’un héritage classique (la reprise de Peer Gynt dans M Le Maudit de Fritz Lang), il n’en reste pas moins que le rock aussi a apporté sa contribution au 7ème art. Ainsi, récemment on a pu entendre Bob Dylan dans My Own Love Song de Olivier Dahan, en 1993 Bruce Springsteen et Peter Gabriel (entre autres) dans Pihladelphia et si l’on remonte encore plus loin dans le temps, dans les années 50 pour être un peu plus précis, c’est Jailhouse Rock de Elvis Presley qui ouvrait le bal avec le titre du même nom.
Toutes ces personnes nous ont prouvé que la musique de film reste avant tout de la musique, et qu’un film sans musique, n’est plus qu’un corps sans vie. Etaler devant nous des images vides, sans rythmes et sans âmes n’aurait aucun sens et perdrait toute la portée émotionnelle. On éteindrait alors notre télévision ou bien nous nous lèverions de notre siège pour sortir de la salle.
Même si le cinéma use de techniques artificielles et plus ou moins sophistiquées pour susciter l’émotion chez le spectateur (merci Pavlov), recréer minutieusement chaque décor, apportant un soin tout particulier à placer sa caméra selon l’angle choisi sur l’acteur/l’actrice engagé, travaillant l’ambiance, la lumière… tout ceci reste du cinéma !
La musique elle ne « triche » pas et s’offre à l’auditeur comme elle se présente, pour toucher directement le coeur.
C’est pour ça qu’il nous suffit d’écouter les premières notes de Il Etait Une Fois En Amerique, Cockey’s Song et de fermer les yeux pour nous remémorer, Noodles (Robert DeNiro) enfant, observant Deborah (Jennifer Connelly) à travers un trou dans un mur en train d’exécuter quelques pas de danse.
Alors comme moi, il ne vous reste plus qu’à vous caler au fond de votre canapé, allumer votre écran et répéter mot pour mot quand arrive le moment fatidique : « Si vous vous retrouvez tout seuls, chevauchant dans de verts pâturages avec le soleil sur le visage, n’en soyez pas troublés, car vous êtes au Champs Elyseum, et vous êtes déjà morts ! »
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