Même si le succès planétaire des Beatles a contribué à faire de Liverpool l’une des villes les plus cool du monde, un monument intouchable du rock’n’roll précédé par sa réputation de 1er port mondial, il subsiste encore en son cœur, quelques âmes égarés qui ne voient pas tout ça du même œil. Toxteth, l’un des quartiers les plus mal famés de la cité – qui résonne encore des terribles émeutes qui ont éclaté en 81 – vient de recracher un de ses mauvais rejetons sur ses trottoirs. Mr Bang On ou plus simplement Bang On! jeune rappeur de 20 ans, ne voit pas lui, Liverpool comme une pièce de musée ! La ville qui a vu naître John Lennon serait plutôt sale, moche et le quotidien, pire qu’ennuyeux… morne.
Résumé par les images du clip Hands High (bien que pas extraordinaire) le propos d’Elliott Egerton a le mérite d’être clair. Pas très original se diront d’emblée certains réfractaires au style : « Qu’est-ce qu’on lui trouve à ce morveux ? » Et bien justement, Bang On! attire l’attention et réussit à garder les projecteurs braqués sur lui. Certainement le plus jeune artiste du label Big Dada (Roots Manuva, TTC, Mike Ladd…) le garçon a de la personnalité dans la voix et s’affiche aujourd’hui sans honte au milieu de tous ces grands noms qui ont fait la renommé de l’écurie anglaise.
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Si on parle depuis un moment du renouveau de la musique hip-hop outre-Manche et de son lot d’artistes de qualités certifiée (The Streets, Roots Manuva encore une fois, Dizzee Rascal et plus récemment Plan B et Tinie Tempah) la scène underground elle aussi n’en finit plus de surprendre. Aujourd’hui c’est à Bang On! de s’avancer sur les planches et d’en récolter un peu les lauriers.
Hands High donc, premier morceau réalisé en collaboration avec le producteur Dixie ne laisse aucun doute : la nouvelle génération de rappeurs que représente Bang On! s’annonce plus que jamais furieuse et surdouée. Dixie signe pour ce premier morceau une instru monstrueuse, mélange de musique grime et aux sonorités dubstep assourdissantes. Une fois l’introduction dépassée, tout se met soudain à gonfler et à prendre de l’ampleur en même temps que la tension s’amoncèle. Le beat appuie fort et la basse compressée à mort part en vrille à chaque mesure. A partir de ce moment-là impossible pour le petit Elliott de se retenir : les rimes sont débitées à 200 à l’heure, le ton est enragé à souhait et l’accent Scouse bien présent !
Au final le morceau pue tellement le Liverpool qu’il décrit dans ses paroles qu’on sentirait presque la bière bon marché fraichement renversée sur le bitume et l’odeur des baraques désaffectées. Bang On! et Dixie viennent de redonner un coup de fouet à un genre rendu populaire depuis quelques années par Dizzee Rascal. Aujourd’hui, le premier endosse le rôle de porte-drapeau d’un nouveau mouvement à surveiller. Le quartier s’est déjà embrasé une fois et si le même événement venait à se reproduire, Bang On! pourrait bien y être pour quelque chose.