Il y a des jours où on se lance dans des chroniques un peu folles, des groupes que l’on adore mais pour lesquels on a du mal à poser ses impressions sur le papier. Peut-être parce que la musique d’Envy met à nu mes sentiments, mes émotions à chaque écoute et que la relation que j’ai avec ce groupe est viscérale. Entre la violence de son hardcore et la poésie de son post-rock, je passe à chaque fois par une palette très large de sentiments.
Les cinq membres d’Envy sont originaires de Tokyo, Japon. Fondé en 1992, le groupe met près d’une décennie à sortir son premier véritable album All the footprints you’ve ever left and fear expecting ahead. Au fil des albums et des prestations scéniques à travers le monde, ils sont devenus la référence incontournable en manière de screamo.
Recitation est dans la droite lignée des précédentes livraisons du groupe Insomnia Doze et Abyssal. Cependant ce n’est pas une pâle copie des précédents opus, comme toujours Envy se réinvente à chaque titre, à chaque note. Le groupe continue de tracer sa voie sans se soucier des codes des genres dans lesquels on voudrait les enfermer, sans formatage aucun mais avec conviction et honnêteté.
L’album oscille en permanence entre calme et violence. Recitation est une véritable douche écossaise émotionnelle et musicale. On passe d’un sentiment à l’autre, d’un tempo à l’autre en permanence. Le grand voyage entre le hardcore et le post-rock est continuel. Le tempo, la mélodie, le chant, tout peut changer en un instant. Dans le même titre, on passe alors de la mélodie la plus douce au hardcore le plus primaire.
L’album est une succession de hauts et de bas, on passe d’une partie hardcore avec des guitares acérées à une partie de piano toute douce. On a droit à de longues plages de piano qui se finissent par une explosion musicale toutes guitares dehors, des plages de guitares saturées associées à un chant calme, à des moments épiques, d’autres intimistes. Et il y a ces changements de rythme constants et imprévisibles qui prennent toujours l’auditeur à contre-pied comme pour ne jamais le laisser dans la facilité de l’écoute mais le surprendre à chaque instant. Par moment, la musique va à cent à l’heure, on a l’impression d’être au volant d’une voiture lancée à fond sur une route déserte et d’avoir envie que d’une chose, c’est d’aller le plus loin possible, le plus vite possible, sans s’arrêter.
Le chant de Tetsuya Fukagawa oscille en permanence entre chant, paroles scandées et cris. La voix passe par toutes les émotions, de la douce mélodie dans le chant à l’écorché vif dans les cris. Parfois il nous susurre des paroles à l’oreille, à d’autre moment il nous jette sa haine en peine face. Quand il crie, on a l’impression qu’il pleure en même temps, cette rage et cette tristesse mélangées nous prennent vraiment aux tripes.
Comme toujours, Envy nous livre un opus à la auteur de nos attentes, là où on ne l’attend pas, toujours proche et toujours différent de leurs anciennes productions. Les japonais sont à la hauteur de leur réputation avec cet album et maintenant il ne reste plus qu’à espérer un passage en France du groupe, car en live c’est encore une autre expérience, foi de Petit Nounours…
Track list :
- Guidance
- Last Hours Of Eternity
- Rain Clouds Running In A Holy Night
- Pieces Of The Moon I Weaved
- Light And Solitude
- Dreams Coming To An End
- Incomplete
- Worn Heels And The Hands We Hold
- A Hint And The Incapacity
- A Breath Clad In Happiness
- 0 And 1
- Your Hand
Un commentaire
Ouais alors moi, j’ai écouté l’album quelques fois et j’ai pas vraiment été transcendé. Pas aussi bien que les bon groupes de post-rock du moment, plus assez hardcore pour se faire remarquer. Ca se laisse écouter, mais ce n’est plus du Envy comme à la grande époque. Ca manque de piquant. (ou alors, je deviens trop exigeant)