La première fois que j’ai entendu Atomique Deluxe, j’étais dans ma voiture dans Bruxelles en train d’écouter une radio rock du coin. Ma première réaction fut : « tiens unvieux groupe de rock local qui n’a pas percé en France » et de penser « faut-il que les français aient des goûts de chiottes pour ne pas sortir ça… » . Parce que la chanson qui passait m’a instantanément fait croire que le groupe avait de la bouteille, que c’était un tube, que ce n’était pas démodé parce qu’indémodable. Bien mal m’en a pris, puisqu’en fait les Atomique Deluxe débutaient tout juste leur aventure. Eh oui, c’est comme ça avec eux, chacune de leur chanson me fait croire que j’écoute un classique du rock francophone. Un titre qui a fait bouger nos grands frères et qu’on découvre ébahi alors qu’on pensait avoir fait le tour de la question. Déjà, à ce stade, ça s’annonce bien.
Après quelques EP et singles, et avoir écumés les scènes du plat pays, leur album sort au royaume des frites. Et miracle pour un groupe de rock qui chante en français (les ringards…) il passe pas moins de 20 semaines dans le top album, porté par une foule croissante de fans. De retour pour ma part dans un des coins de notre cher hexagone, je guettais le jour où enfin ils passeraient la frontière. Mais alors qu’un EP français sort au printemps 2010 (Il faut quand même bien exister), leur tourneur ferme, et il faut attendre l’été pour que le groupe accède à quelques scènes. Déjà, les échos de leurs guitares saturées caressent les oreilles bien informées qui comme toujours les classe dans le fourre-tout des « descendants de Noir Désir ». Être chroniqueur de rock francophone se résumant souvent à cette seule phrase. Personnellement, à chaque fois ça me fait bondir. Mais là n’est pas la question. Aujourd’hui le groupe s’apprête enfin à déverser sur la France son rock brut et c’est tant mieux. Leur premier album Vingt sort le 7 février.
Guitare, basse, batterie, voix rauque. Un quartet qui a fait ses preuves et qui rappelle bien évidemment quelques légendes. Mais pour Atomique Deluxe, leur spécificité est avant tout une affaire de style. Une écriture déjà qui ose l’ironie et l’humour, la distance et le désenchantement sans jamais se mettre à porter un quelconque drapeau sous lequel se rallier. La plume au contraire s’attache au quotidien, à la vision de ce qui nous entoure à hauteur d’un seul homme, celle d’Erwann le chanteur (oui, il est breton !) et donc à hauteur de tous les hommes. Elle fuit toute forme de littérature ou de poésie, pour mieux appuyer là où ça fait mal, pour viser l’essentiel. Leur musique elle aussi ose : pas de structure de chanson non, des riffs. Des riffs percutants qui sonnent comme des évidences et qui donnent envie de sauter, et même des solos, des vrais. Esteban, le guitariste argentino-équatorien du groupe est un vrai génie du manche et il place quelques morceaux de bravoure très appréciables. Pas de guitares sèches non plus, ou si peu, pas de refrains entêtants, pas de détour pop. Juste du rock à 200km/h. Un groupe qui arrive à se détacher des pesantes influences de la chanson française plus ou moins rock qui veut toujours « avoir l’air intelligente » pour revenir aux bases : guitare, basse, batterie, voix rauque. Et énergie.
L’univers d’Atomique Deluxe a quelque chose de cassé. Les rêves semblent brisés, mais il faut continuer de rêver coûte que coûte : « ce qu’on croit, c’est qu’on fonce tout droit dans un mur, en fait on est quasiment sûrs, c’est dur, c’est pour ça qu’on veut s’amuser ». L’amour semble brisé, mais il faut continuer d’aimer aussi : « c’est tellement beau l’amour, c’est tellement bon tout ça, et puis c’est tellement dur l’amour, quand tu ne m’aimes pas ». Et toujours cette distance nonchalante, ce flegme et l’humour qui vient rappeler la stupidité de la réalité : « je suis le cochon 311 et maintenant je bronze tout seul sous le champignon » « maintenant je suis encore plus triste qu’un la bémol mineur ». Du grand art je vous dis !!
Alors la meilleure chose qu’il vous reste à faire, c’est d’écouter le titre ci-dessous, de devenir fan, de courir vous procurer leur opus quand il sortira enfin en France et surtout, d’aller suer en concert !!
Note : dans les différents EP disponible en écoute sur Deezer (lien ci-dessous) vous découvrirez des titres qui sont sur le prochain album et d’autres qui n’y sont pas. Pour ma part, l’album est meilleur !
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=Nzk1ah014-M[/youtube]
Tracklist :
- Les chimères
- Quand tu ne m’aimes pas
- Latex
- Vingt
- Nations désunies
- Guerre éclaire
- Le cochon 311
- Des kilomètres
- Il faut quand même bien exister
- La bobine
- Sophie aimait Marc
- Bang Bang 2010
- Quand tu dors
5 commentaires
[…] La première fois que j’ai entendu Atomique Deluxe, c’était grâce à Elie et son excellente chronique sur Désinvolt. […]
enfin une vraie critique musicale !
Bravo à vous pour cette superbe et si objective description .
Pas mal du tout cette chronique Mister Elie 🙂
Merci pr ce super article elie!
J’ai trouvé la raison de leur non percage en france: leur nom, simplement bidon.
[…] Ce billet était mentionné sur Twitter par Désinvolt. Désinvolt a dit: [Chronique] Atomique Deluxe – Vingt #atomiquedeluxe #noirdésir #rock #vingt http://goo.gl/IFPl0 […]