Avant le concert, je me rend à la salle du Chabada pour interviewer The Legendary Tigerman. L’homme m’impressionne par son talent, j’en ai une boule dans le ventre. Non pas que je sois de nature stressée, mais j’ai la vague impression que l’homme a beaucoup de charisme. Pourtant, on découvre un homme mystérieux et timide, sous ses lunettes de soleil. Le portugais répond paisiblement aux questions et me fait passer un agréable moment.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Paulo Furtado. Mon projet s’appelle The Legendary Tigerman. C’est un espèce de one man band. Mais ce n’est pas seulement ça, c’est aussi du cinéma et de la photo. Mon dernier album s’appelle Femina. C’est un disque que j’ai enregistré où tous les morceaux sont composés avec une femme. C’est un disque de complicité. J’ai également fait des petits films avec chacune d’elles. Ça s’appelle Femina Series. Voilà, je crois que c’est tout pour le moment.
Pourquoi The Legendary Tigerman ?
Tigerman, c’est une chanson de Rufus Thomas que j’adore, alors j’ai pensé que ça serait une bonne référence. The Legendary, ça vient d’un autre one man band qui s’appelait Legendary Stardust Cowboys. C’est une façon de commencer un projet, qui au tout début est déjà légendaire. C’est aussi comme un costume de super héros que je porte en (main) stage et dans les disques.
En parallèle, tu fais également partie du groupe Wraygunn. Pourquoi as-tu choisi de faire un one man band et de jouer seul ?
On a fait un petit arrêt pendant plusieurs années pour que je fasse Femina. Mais, on réalise un nouvel album, qui devrait sortir à la fin de l’année. J’ai commencé les deux projets en même temps, il y a 10 ans. Je n’ai pas pensé à faire un one man band, c’est un accident. Je composais des chansons, en 1999, et j’étais dans un endroit tout seul. Je jouais de la guitare et chantais. Dans cet endroit là, il y avait une grosse caisse. J’ai commencé à faire un peu de rythmes pour voir ce qu’un batteur pouvait faire. Il y a eu un ou deux morceaux qui ont fonctionné comme ça. Voilà, ça a commencé un petit peu par hasard.
Peux-tu me raconter l’histoire de l’album Femina ?
C’était un autre accident (rires). En fait, ma vie, ce sont des accidents successifs. J’étais en train de faire un script pour un film et j’ai invité Asia Argento pour jouer dans le film et chanter une musique qui s’appelle Life a dinner for you. On a travaillé sur ce morceau et je lui ai envoyé le script. Mais je n’ai pas trouvé de producteur, donc je ne l’ai pas fait. Quand j’attendais pour savoir si je trouverai l’argent pour faire le film ou non, Cibelle m’a contacté. Elle m’a dit qu’il fallait qu’on enregistre quelque chose et qu’on travaille ensemble.
Le script parle d’un groupe de femmes qui ne se connaissent pas, mais à un moment, leurs vies se croisent. J’ai pensé à faire ce script en forme de disque et c’est ce que j’ai fait. Ça m’a pris trois années, et je suis très très content. Je ne veux pas un album comme un album des Doors ou une chose comme ça. C’est vraiment un disque de complicité et de travail avec chacune des femmes qui ont collaboré dans Femina.
Comment as-tu « choisi » les chanteuses ?
Je n’ai jamais fait de liste. Quand j’avais une idée pour une chanson, chaque idée me menait vers une artiste. Par exemple, pour telle chanson, je pensais « avec Maria De Medeiros, ou avec Asia Argento, ça pourrait peut-être marcher ! ».
Les femmes sont toujours présentes dans ta musique. Pourquoi sont-elles aussi importantes ?
Je chante toujours sur l’amour et les femmes. J’ai fait Femina un peu pour ça aussi. La femme était tout le temps le sujet, mais elle n’avait pas vraiment une influence directe dans mon univers et mes chansons. Femina, c’est pour ça aussi, une collaboration au même niveau entre moi et les femmes qui y ont collaboré.
Quelles sont tes influences musicales ?
Le blues, je crois. Le Rock and Roll ! Tout le Rock and Roll ! L’ancien Rock and Roll ! Peut être, un peu d’Alan Vega. Mais j’essaie de faire du blues d’une façon qui n’a jamais été faite avant. J’essaie de simplifier ce que je peux faire en coupant tous les arrangements, le plus simple possible et avec une bonne ambiance.
Qu’est ce que tu écoutes en ce moment ?
Les Blacks Keys, leur dernier album est pas mal. J’écoute les Puta Madre Brothers, ce sont trois one man band qui viennent d’Australie et qui chantent en espagnol. Ça fait un peu un raccord avec moi. J’écoute tout le temps Tom Weiss ou Johnny Cash, des choses comme ça, des vieux bluesmen…
Tes projets ?
Je vais faire une bio pour un théâtre au Portugal, en mars. Après je reviens en tournée en France. Je crois que Femina va sortir un peu partout dans les prochains mois. Donc, j’irai tourner en France et dans toute l’Europe.