Pendant que les disques restent étalés dans les rayons en se serrant les coudes pour se faire acheter par le premier visiteur du disquaire, le groupe Sidilarsen distribue gratuitement et en main propre leur single. Ils ont décidé de grimper dans leur camion et de prendre la route pour rencontrer leurs fans aux quatre coins de la France. Lors de leur passage à Nantes, je décide de me déplacer pour en savoir un peu plus sur le groupe et sur ce nouveau moyen de promo original. Benjamin, guitariste de Sidilarsen, a répondu à mes questions avec plaisir.
Peux-tu me présenter le groupe ?
Le groupe s’appelle Sidilarsen. Il est composé de cinq membres. C’est de l’électro / rock / métal. Et nous sommes ici, à Nantes, pour distribuer nos singles.
Est-ce que tu peux me retracer le parcours du groupe ?
Ce sont trois albums studio à l’heure actuelle. Le prochain s’appellera Machine Rouge et sortira à l’automne. On a fait plusieurs tournées. On existe depuis 13 ans maintenant, pratiquement 14. On s’accorde à dire que le début du groupe date à peu près de 1997. Voilà, une solide expérience maintenant de la scène, du studio… C’est une aventure qui dure, et une aventure humaine.
Vous êtes actuellement en train de faire un tour de France des grandes villes pour rencontrer votre public et distribuer en main propre votre CD / Single.
Peux-tu m’expliquer pourquoi cette envie et vos motivations à le faire ?
On devait sortir l’album précédemment en février 2011, et pour des raisons contractuelles, on n’a pas pu le faire. On commençait à trouver le temps long, puisque nous avions déjà préparé les nouveaux morceaux de l’album, même pour le live. Avec ce contre-temps, on s’est rendu compte qu’on avait envie d’être au contact de notre public, car on faisait peu de dates. On est quand même en pleine tournée, il y a quelques dates qui restent, mais pas assez pour vraiment mobiliser le public. Puis, on ne peut pas jouer plus de 2 nouveaux morceaux dans notre set à l’heure actuelle. Compte tenu du marché musical, on trouvait que pour la promo, c’était vraiment difficile de monter quelque chose d’intéressant, de probant, qui s’intéresse directement aux gens. On ne nous proposait pas des choses satisfaisantes, donc on s’est dit « On met la main à la pâte, on le fait nous-mêmes ! On prend notre camion. On y va physiquement, pour discuter avec les gens et être avec eux. » Donc, c’est à la fois un coup de promo pour nous, mais en même temps, le retour qu’on a des gens, c’est que ça leur fait plaisir de remettre de l’humain un peu là-dedans, face à la morosité actuelle, où on dit que les albums ne se vendent plus, on ne peut plus rien faire, parce qu’il n’y a plus de budget. La preuve qu’avec un budget raisonnable, on arrive à monter ça, et pour l’instant ça se passe très bien. Les gens sont vraiment heureux de ça, qu’on leur accorde l’intérêt qu’ils méritent.
Est-ce que c’est un peu un coup de gueule contre le téléchargement illégal ?
Pas forcément. Effectivement, la musique ne doit pas être gratuite, parce qu’elle coûte cher à faire, à produire, à créer, à enregistrer, à masteriser, à mixer, etc. On ne veut pas du tout une position de Père Fouettard, en disant aux gens « Oulala, c’est horrible de télécharger ! ». Si on donne la possibilité aux gens de le faire, c’est normal qu’ils le fassent. Je crois qu’il y a peu de gens qui s’interdisent totalement le téléchargement. Après, il y a du téléchargement payant, où les albums sont vendus à des prix raisonnables. Nous, jusque là, on a toujours sorti les albums en dessous de 15 €. Vu le prix des clopes, ça me parait, au prorata, assez honnête. On sort l’album pour que les gens, qui aiment le CD et l’objet, puissent encore l’acheter. Le marché va muter, mais pour l’instant, c’est encore important d’être bien distribué. Voilà, c’est pour dire qu’il est possible de faire des choses sur le terrain, d’être actif, d’être positif. Et que, même avec le téléchargement, on peut quand même s’en sortir. Après, dire aux gens de ne plus télécharger, surtout avec les groupes indépendants, c’est une évidence. Mais ce n’est pas un cheval de bataille pour l’instant. Je préfère faire sourire les gens. Comme là, ils sont autour, il y a des sourires, on discute, plutôt que les étriquer en disant « Attention Hadopi ! Attention, c’est horrible ! ».
Je retourne un peu sur le groupe, quelles sont vos influences musicales ?
On a tendance à dire que c’est un peu un grand écart entre Noir Désir pour le chant français, et Prodigy pour l’électro, un électro assez axé rock, avec des influences big beat. Ensuite, on a des influences métal et rock, donc Noir Désir pour le côté rock et Nine Inch Nails pour le côté métal / indus, puis tout un tas de groupes résolument métal aussi. C’est un peu un mix de tout ça, avec une identité bien affirmée maintenant, puisque c’est le quatrième album. Mais, en même temps, pas mal de choses variées dans les albums. On essaie d’ouvrir des portes à chaque album, pour ne pas refermer nos inspirations. On s’autorise aussi à faire des choses différentes, soit résolument plus rock, soit plus calme, soit plus métal. On ne s’interdit rien. Notre identité existe, c’est un filtre, et ça fait, de toute façon, du Sidilarsen.
Tu parlais de Prodigy et j’ai vu que vous aviez fait une reprise de Breathe, que je trouve géniale personnellement. Vous avez des bons retours sur ce titre ?
Merci beaucoup ! On a fait une version un peu plus rock, un peu plus compact que le morceau original, tout en restant très proche de ce qu’ils avaient fait, car on est très fans du morceau. Il a super bien marché en live. Il a mis la claque à chaque fois. C’est la première fois qu’il est sur un CD, sur ce single qu’on distribue, car tout simplement nous n’avons pas les autorisations pour le vendre. Jusqu’à maintenant, il a été un peu diffusé sur le net, mais c’était une version mp3. Là, il y a la vraie version que l’on a enregistrée, masterisée, etc. On attendait peut être, hypothétiquement, d’avoir une autorisation pour la mettre sur l’album, mais on n’a pas pu. Donc, on la donne au fan, en bonus, avec le single, en deuxième morceau. C’est un morceau qui nous tient à cœur. On s’est fait plaisir.
Peux-tu me raconter votre meilleur moment sur scène ?
On avait l’habitude de parler d’une date, mais ça commence à faire un moment. C’était sur le plateau du Larzac, où il y avait eu vraiment beaucoup de monde, un esprit très convivial, où on a eu beaucoup de retours de gens qui ne nous connaissaient pas forcément. C’était ça aussi qui était intéressant. C’était un grand moment d’osmose. Mais il y en a eu plein depuis. On a joué à Montbéliard, il n’y a pas très longtemps, à l’Atelier des Moles, pour la deuxième fois, et c’était énorme ! C’est une petite salle, mais question énergie, réceptivité du public, il y avait une circulation d’énergie absolument impressionnante. A des moments, on s’arrête sur une date et on se dit que c’est vraiment pour ça qu’on est là et que l’on fait ce métier. C’est un peu mieux que tous les excitants ou tous les psychotropes. Ça fait du bien, car on manque d’osmose et d’échange. Citer des moments très précis, sans vexer personne, et sans jeter des pierres blanches, c’est difficile. Mais « le meilleur est à venir ». C’est le titre du single, donc c’est ce que je dirai.
Avez-vous des dates de prévues dans la région de Nantes ?
On a une date à la BaraKaSon, qui arrive en 2012. Mais j’espère que l’on repassera dans le coin, sur la tournée, à la sortie de l’album, qui va démarrer à l’automne. On est sur les startings blocks. On a envie d’arriver avec du nouveau. On est prêts !
Quels sont vos projets futurs ?
Faire vivre cet album. Je pense que les fans l’attendent depuis un petit moment maintenant. Faire le constat de cette opération. Si le single plait, et que ça a donné envie aux gens de découvrir la suite. Puis, démarrer la tournée. C’est notre vocation. On est plutôt considéré, en général, comme un putain de groupe de scène. Donc, on a cette envie, de redémarrer la machine à plein tube.
Un dernier petit mot ?
Merci beaucoup de ta disponibilité. Et j’espère que de relayer cette opération va nous servir. Je pense que tout le monde est heureux de ce qui se passe là. Et puis, on est très content d’être ici, à Nantes, belle ville et bon accueil.