Pour la quatrième année consécutive, le label InFine a donné rendez-vous aux poitevins ainsi qu’à ses fans à la Carrière du Normandoux. Au programme : présentation des artistes et expérimentations à plusieurs mains. Pendant trois jours de résidence, une douzaine d’artistes d’univers géographiques et musicaux plus ou moins proches auront eu l’occasion de faire résonner la majestueuse Carrière du Normandoux, sans parler des soirées d’ouverture et de clôture.
Pour la soirée d’ouverture, c’était au Météo, un bar « in » du centre de Poitiers, qu’on a eu l’occasion de danser sur les mix de RedHotCar, Mondkopf (que l’on retrouvera le jeudi soir à la Carrière) et de Clara Moto qui accompagnait la nombreuse troupe dépêchée par le label InFine. Mais surtout, on a pu faire la découverte d’une jeune recrue du label : Gordon Shumway aura séduit dès les trente premières secondes et je garantis aux fans d’électro qu’ils sont passé à coté de quelque chose de grand s’ils n’ont pas encore pris le temps d’écouter ce jeune parisien dont on ne peut que s’impatienter de découvrir les créations originales… Bref, le ton est donné, la résidence d’InFine sera cette année encore riche de découvertes et de bonnes expériences. Mais retournons au Normandoux pour le véritable départ des hostilités.
Ce mercredi 22 août 2012, la soirée débute par une mise en bouche concoctée par la graphiste Lili Wood qui a ainsi pu proposer aux gourmands certaines des recettes qu’elle a pu illustrer sur son blog « Croque-Moi ». Ça sentait drôlement bon dans la Carrière !
Les estomacs plein de saveurs poétiques, on a pu prendre place au fond du plateau surplombant l’eau pour assister au premier concert de cette résidence, assuré seul sur un piano à queue par le musicologue du New England Conservatory of Music de Boston, Bruce Brubaker. Profitant de la visite pour enregistrer son interprétation à l’auditorium du TAP de Poitiers, il a pu, ce soir, présenter au public les Métamorphoses de Philip Glass, dont la sortie sera assurée par InFine prochainement.
Bruce Brubaker va donner vie au thème commun des Métamorphoses, composées en cinq parties dans les années 80 pour l’adaptation théâtrale de la Métamorphose de Kafka. Présentant les pièces 1, 3 puis 4, on y découvrira un thème qui se répète tels les jours, devenant de plus en plus perturbé au fur et à mesure de la déshumanisation du personnage. Le public appréciant, Bruce Brubaker reviendra ensuite sur scène, pour présenter la seconde pièce qu’il avait omise.
Étant donnée l’originalité et les surprises distillées tout au long de la quatrième partie, on ne peut qu’être déçu de n’avoir pas eu droit à la cinquième, qui aurait sans aucun doute apporté son lot de dissonantes ironies pour le plaisir des êtres perturbés que nous pouvons parfois tous être. On peut aussi dire que le pianiste américain aura ainsi su pousser les amateurs à acheter son interprétation à paraître bientôt dans les bacs. En ce qui me concerne, je crains pour mon portefeuille que le pari ne soit gagné, mais ceci pour le plus grand plaisir de mes oreilles.
En seconde partie ce soir-là, c’est Dorian Concept qui prend place sur le piano à queue équipé de son ordinateur qui lui offrira un accompagnement de nappes synthétiques et de percussions électroniques. On se trouve déjà bien loin du thème répétitif des Métamorphoses et l’adaptation des oreilles aura pu poser de nombreuses difficultés aux spectateurs qui ont découvert ce soir-là l’artiste autrichien. A grand renforts d’improvisations (à moins que Dorian n’ait une mémoire phénoménale et un don d’interprétation sans faille tant les morceaux pouvaient sembler complexes et dissonants, sans ligne directrice apparente ni thème central) et de beats plus profonds et résonnants les uns que les autres.
Toutefois, au fur et à mesure, la musique de Dorian Concept se laisse apprivoiser, tant et si bien qu’il est difficile finalement de voir s’interrompre le trip electro-jazz offert par l’interprète qui aura eu droit à deux rappels : les spectateurs ne se sont certainement pas laissé tromper par l’apparent hermétisme du genre.
Là-dessus, on se rafraichît, on partage les impressions musicales et visuelles, ces dernières offertes par l’association pictavienne de VJing Nyktalope Melody qui a improvisé des images en harmonie avec les prestations sonores. Et on se demande ce qu’apportera la soirée de demain, si les duo de Mondkopf et Charlemagne Palestine puis Arrandel et Gabriel Desplanque offriront également leur lots de bonnes surprises, si Lugano Fell saura lui aussi nous séduire..
Site officiel de Bruce Brubaker
Profil Twitter de Bruce Brubaker
Profil Twitter de Dorian Concept
Page Facebook de Dorian Concept
Page Soundcloud de Dorian Concept
Site officiel de Mondkopf
Profil Twitter de Mondkopf
Page Facebook de Mondkopf
Page Soundcloud de Mondkopf
Profil Twitter de Clara Moto
Page Facebook de Clara Moto
Profil Twitter de Gordon Shumway
Page Facebook de Gordon Shumway
Page Soundcloud de Gordon Shumway
Le site officiel du Workshop
Site officiel du label InFine
Photos : 1 © Lisa Boissoles et Jean-Marie Deltort-Linotte, 2, 3, 4, 5 et 6 © Felix Roumagnac