Il fait froid en cette journée de mars, mais ce n’est pas ça qui va m’empêcher de rencontrer Yann et Vince de Mass Hysteria dans les locaux de leur label Verycords. J’ai donc profité de cette rencontre pour parler avec eux de leur tournée, de leur futur concert à l’Olympia et de bien d’autres choses.
Bonjour, vous êtes actuellement en tournée pour défendre votre dernier album L’armée des ombres, cela se passe bien ?
Yann : Super bien, on est super contents, il y a du monde. On fait des bons concerts, c’est vraiment très cool ! Vu que les temps sont durs, on est très contents.
C’est toujours la furia ?
Yann : Toujours, même de plus en plus…
Vince : Trente-cinquième date déjà…
Yann : On est étonnés de voir à quel point il y a des gens de notre âge et, carrément, des petits jeunes avec des T-shirts de plein de groupes de métal, c’est cool !
Votre public se renouvelle…
Yann : Ouais, c’est clair. Il y a de plus en plus de petits gamins, avec des T-shirts de Bring Me The Horizon et tout ça, devant.
Le mois prochain vous êtes en concert à l’Olympia, pour vos vingt ans de carrière, vous avez prévu quelque chose de particulier ?
Yann : On va déjà essayer de donner le meilleur concert que l’on puisse. Il faut que la prestation scénique soit au top. Après, on n’a pas envie de mettre cinquante mille artifices pour faire que le concert soit chanmé. On a été voir Deftones, il y a deux semaines, tous ensemble, ils n’avaient aucun décor, ils n’avaient rien, et tout le monde s’est pris une claque. C’est un peu dans ce délire-là, que nous, on a envie de faire le meilleur concert que l’on puisse. Évidemment il y aura des surprises, mais voilà, on va déjà essayer de faire un concert très énergique et que le public ressorte sur les genoux.
Un peu comme à chaque fois…
Yann : Voilà !
Pour l’occasion, vous avez invité vos amis de The Arrs et Punish Yourself, c’est important de partager cette date avec des potes ?
Yann : Ouais, ouais, carrément ! Au début, le choix a été difficile, on a essayé de regarder en fonction des sorties d’albums comme on connait beaucoup de groupes… Cela va être une super belle soirée. On a aussi essayé que cela soit assez hétéroclite, Punish Yourself, ce n’est pas vraiment dans le même style que nous, The Arrs, c’est encore plus hardcore. Voilà, on avait envie que cela soit un peu différent. C’est tous des potes, on a encore joué avec Punish Yourself, il y a une semaine, cela c’est super bien passé. Cela promet un bel after…
Pour revenir à L’armée des ombres, il a été très bien accueilli par la critique et le public, c’est une forme de reconnaissance pour vous ?
Yann : Ouais, surtout que l’on fait ça naturellement, comme je disais tout à l’heure dans une autre interview, on apprend à chaque album donc logiquement le prochain sera, certainement, encore mieux, j’espère. On essaye que cela soit le meilleur possible à chaque fois. Et, puis oui, on est contents quand cela se passe comme ça, que c’est reconnu, que les gens aiment et que les critiques dans les journaux sont bonnes.
Vince : Et tu sens bien quelque chose de crescendo depuis Une somme de détails, avec Failles juste après, que les choses grondent, évoluent. Et là, il y a une espèce de paroxysme où l’on sent que l’on peut proposer quelque chose de plus généraliste, pas dans le sens de plus pop, mais ralliant tous les gens qui aiment le métal, le death, le rock… Vraiment poser notre pierre à l’édifice.
Ouais, c’est ce qui est bien aussi avec Mass Hysteria, c’est que sans être hyper fan de métal, tu peux aimer.
Vince : Tu peux te reconnaitre, te retrouver…
Surtout que la musique est un peu bourrin mais pas trop, et on comprend bien ce que dit Mouss.
Yann : C’est la force que l’on a, c’est que Mouss c’est le seul d’entre nous, même s’il vient plus du hardcore, qui n’a pas une culture métal. Je pense que si Mouss était arrivé avec un chant guttural, on n’aurait pas été différents des autres, c’est lui qui apporte ce rayon de soleil.
Vous avez travaillé, pour la troisième fois, avec Éric Canto pour la pochette de l’album, j’ai vraiment l’impression qu’il est un peu devenu un membre du groupe, non ?
Yann : Ouais, ouais carrément. Sur L’armée des ombres, ce n’est pas lui qui a tout fait, parce qu’on a flashé sur un artiste finlandais qui s’appelle Juha Arvid Helminen. Mais Éric a accepté de faire toute la mise en page. Et effectivement, il fait partie de la famille, depuis Une somme de détails, avant c’était Laurent Seroussi. Depuis, il fait les pochettes, s’investit à fond et à chaque fois que l’on peut, il est avec nous en tournée et il fait plein de photos. Et c’est quelqu’un avec qui on s’entend super bien… Là, on est en train de réfléchir à la pochette du DVD et déjà à la pochette du prochain Mass. On fait le tour un peu en amont.
Vince : Je pense que dans beaucoup de groupes, c’est comme ça. U2, Depeche Mode ou Deftones, tous ces groupes, ils ont au bout d’un moment, leur ingé son, leur ligtheux, leur photographe officiel,… et cela devient une famille…
Yann : Tout le monde est toujours ensemble.
Vince : Yann parlait de Deftones, mais c’est ça, leur photographe officiel, celui qui fait les pochettes c’est toujours la même personne. Et quand, tu regardes dans le booklet, avec les crédits, les copyright, c’est des gens qui gravitent toujours autour d’eux… Je pense qu’Éric, c’est comme ça aussi, il est venu dans la famille.
Après vingt ans de carrière, sept albums, plusieurs changement de line-up, qu’est-ce qui fait que Mass Hysteria est encore debout ?
Yann : Je pense que le fait qu’on soit toujours debout, c’est peut-être notre intégrité et notre simplicité. Et le fait que l’on soit des vrais potes et aussi notre passion pour la musique. C’est comme un couple à cinq, cela arrive qu’il y ait des embrouilles mais on sait la chance que l’on a d’avoir Mass Hysteria. On connait les défauts de chacun donc on fait avec. Et on n’a pas envie d’arrêter Mass Hysteria, donc quand l’un de nous ne va pas bien ou qu’il y a des petites embrouilles, on essaye d’arranger les choses. On est une bande de potes et on se prend pas la tête et voilà. On a un groupe qui marche entre guillemets et on fait les choses simplement.
Et dans vingt ans, Mass Hysteria sera où ?
Yann : Je crois que l’on ne se prend pas la tête. Et si on ne se prend pas la tête, on sera toujours là… A l’époque de l’album noir quand cela était un peu dur, on s’est serré les coudes parce qu’on avait envie de continuer. Aujourd’hui, si tu me poses la question, je n’ai absolument pas envie que cela s’arrête et s’il doit encore y avoir cinq albums, on sera peut-être vieux mais on sera toujours là.
Vince : On est des privilégiés, le fait de rentrer dans les camions avec les potes, d’aller jouer devant le public, de proposer la musique de Mass Hysteria… On n’a pas envie d’arrêter !
Yann : Et qu’il y ait deux cent ou huit cents personnes, on prend le même plaisir. Cela nous est arrivé, il n’y a pas longtemps, en Suisse dans la banlieue de Genève, je ne sais pas il y a peut-être pas eu beaucoup de promo, il y avait quatre-vingt-dix entrées payantes. Cela faisait très longtemps qu’on n’avait pas joué devant si peu de monde. Cela faisait bizarre parce qu’on a plus l’habitude de jouer devant six cent personnes, et là, même devant quatre-vingt-dix personnes, on s’est amusés, c’était génial, les gens étaient à fond ! Et tu vois peu importe… On s’en fout, on fait nos disques, tant qu’il y aura des gens comme Medhi et le label Verycords, et bien, on continue ! C’est comme cet Olympia, nous on est vraiment super fiers d’arriver là à ce moment de notre carrière où beaucoup de groupes fléchissent un petit peu parce qu’il y a les années… On se dit qu’arriver, au bout de vingt ans, à faire quasiment mille personnes de plus quand on joue à Paris, c’est énorme pour nous ! Parce qu’on remplit toujours des salles comme Le Bataclan, La Cigale, L’Elysée Montmartre, et là, faire l’Olympia, c’était un challenge. Et ce n’est pas très loin d’être complet, on ne sait pas si cela le sera le jour même, mais en tout cas, on en est pas loin. On est ultra heureux, franchement on est vraiment contents !
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