« From Clint East’ to Kanye West« . C’est sur cette mesure empruntée au trio californien Dilated Peoples (This Way – Neighborhood Watch, 2004) que s’ouvre ce nouveau billet. Un fourre-tout discographique où se listent les coups de coeur du moment et intelligemment baptisé « Sur Écoute ». Avec ou sans thématique, nourrie au fil des découvertes et des vieux morceaux dépoussiérés ou encore inspirée par l’humeur du moment, cette playlist se propose de partager ce qui fait vibrer nos oreilles. Du vieux, du neuf et le tout balancé comme ça, brut de décoffrage.
Worst Comes To Worst feat. Guru – Dilated Peoples (Expansion Team, 2001)
Worst Comes To Worst c’est d’abord l’histoire d’un sample. Celui que le producteur The Alchemist a pioché chez William Bell, chanteur de l’écurie Stax. Tiré du morceau I Forget To Be Your Lover (Bound To Happen, 1968), c’est bien cet échantillon qui donne toute sa puissance émotionnelle au morceau. Guitare et violons tout en retenue déposés sur du boom-bap bien trempé, l’alchimie fonctionne. Là-dessus, le duo de rappeurs Evidence/Iriscience signent un très beau texte sur l’amitié avec un refrain-gimmick, mixé par DJ Babu qui résonne comme un slogan : « Worst Comes To Worst but my people comes first !« . De Clint Eastwood à Kanye West, finalement on préfère le premier, tellement la Californie a su produire de tableaux éclatants plantés sous le soleil du Pacifique.
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Ain’t Nobody (Party Supplies Remix) – Clare MaGuire
Party Supplies est un producteur qui nous vient tout droit de New-York. Si son nom ne vous dit rien, c’est pourtant lui qui est à l’origine du succès Grown Up du rappeur Danny Brown et c’est aussi lui qui a produit l’une des meilleures mixtapes de rap de 2012. À savoir, Blue Chips (Reebok/Fool’s Gold Records) en collaboration avec le emcee Action Bronson. Avec un curriculum comme celui-là, on était loin de se douter que le garçon était aussi un inconditionnel de la pop et des eighties. Il cite tour à tour Phil Collins, Peter Gabriel, Huey Lewis ou encore Chromeo comme références. Disco et romantique, le Ain’t Nobody de l’anglaise Clare MaGuire retrouve ici une seconde vie, cette fois à destination des clubs. On attend plus maintenant que le premier album solo de Party Supplies, Breakfast of Champions (Fool’s Gold Records) dont la sortie est prévue prochainement.
No, No, No feat. Homeboy Sandman – Raashan Ahmad (Ceremony, 2013)
Difficile de faire un choix parmi les seize titres qui composent le nouvel album du rappeur Raashan Ahmad, Ceremony (Jakarta Records). 16 titres lumineux aux frontières grandes ouvertes sur le monde et pourtant il a fallu faire un choix. La sélection s’est donc portée sur No, No, No seul morceau de l’opus composé par un français. En l’occurrence, c’est un autre habitué du micro et de la MPC, 20syl (Hocus Pocus et C2C) que l’on retrouve derrière la console. Les deux amis de longue date partageant le même goût pour les instrumentations et le groove se sont donc rapidement retrouvés sur ce titre.
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Watch Out for This [Bumaye] feat. Busy Signal, The Flexican & FS Green – Major Lazer (Free The Universe, 2013)
On en a beaucoup parlé depuis la parution de l’EP, Original Don (Mad Decent, 2011), le nouveau Major Lazer (qui compte désormais parmi ses membres, Diplo, Jillionaire et Walshy Fire – exit Switch) a su répondre à l’attente. On pourrait regretter le côté plus sensuel et moins rentre-dedans de Guns Don’t Kill People… Lazers Do (Downntown Records, 2009), seulement devant les bombes sonores que comptent cet album, on ne va pas bouder notre plaisir. Watch Out For This [Bumaye] s’insère parfaitement dans ce créneau. Du moombahton surexcité appuyé par des cuivres chauds tout droit venus de Puerto Rico. Diplo a emprunté au musicien et chanteur new-yorkais d’origine portoricaine, Willie Colón, ce fameux passage.
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Everyday Struggle – Notorious BIG (Ready To Die, 1994)
Premier album pour le rappeur de Brooklyn Notorious BIG et coup de maître. Jamais avant lui on avait raconté la rue et ses histoires de cette façon. Everyday Struggle en est le parfait exemple. Dans ce morceau en forme d’instantané, Biggie Smalls dresse le portrait de ceux qui sont exposés quotidiennement à la violence des quartiers rassemblés sous le trio infernal : gangsters, drogues et armes à feux. Le rappeur réussit en plus le tour de force de réunir Giuliani et John Gotti dans son exposé. Un récit noir et paranoïaque qui contraste avec l’étrange sérénité qui émane de l’instru. Un témoignage que n’aurait pas renié Hubert Selby Jr.
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