Après une première édition 2011 qui a vu débarquer le Big Four et une deuxième édition 2012 qui a eu bien du mal à avoir lieu, le Sonisphere reposait fièrement ses valises ce week-end du 8/9 juin à Amnéville. Les métalleux étaient de retour au pays des métallos.
C’est sous un soleil de plomb que le public se rend sur place, non sans encombres, le secteur étant assez encaissé et les parking et camping à quinze bonnes minutes de l’entrée du festival. Les plus prévoyants seront arrivés la veille, auront déjà profité du festival off ou alors auront pris possession le long des routes d’accès pour être plus près du festival, bref joyeux bordel.
Bon, dû à un embouteillage au niveau des accréditations (soleil, chaleur, ralentissement, ça sent bon les vacances quoi… ), je rate Headcharger, heavy metal made in France, pas le Made in France en marinière de l’autre guignol (d’ailleurs Arcelor Mittal étant à côté il aurait fini crucifié s’il avait pointé son nez), ici c’est du bon, qui même à l’extérieur du site fait déjà bouger les têtes, dommage j’aurais bien voulu voir.
Auréolé de tous mes pass (un truc à rendre malade une accro des bracelets colorés), j’arrive enfin dans l’arène assez bien conçue avec deux scènes, Apollo et Saturn, qui se font face (ce qui permet aux plus paresseux, ou ivres, de juste se retourner pour apprécier le concert suivant). Plus bas, sur le côté de cette arène, les tentes merchandising, nourriture et sacro-sainte Bière, breuvage, que dis-je, potion magique qui coule à flots étant donnée la chaleur, je me demande d’ailleurs s’ils ont pas construit un pipeline direct entre Schiltigheim (brasserie Kro) et le Sonisphere.
Niveau musique, au moment de mon arrivée sur zone, Dagoba distillait son power métal de la plus belle des manières, les français (non non monsieur Montebourg, restez chez vous pas la peine de venir) sont bien représentés.
Dites messieurs de la télé et de la radio, vous ne voudriez pas un peu programmer ces groupes au lieu des bouses infâmes que vous nous faites avaler à longueur de journée ? Voilà, ça c’est fait, check !
Les concerts s’enchaînent sans interruption, pendant qu’un groupe joue sur une scène, les roadies du groupe suivant s’affairent à monter le matos sur l’autre scène, belle mécanique, si à la fin de la journée il y avait dix minutes de retard sur les horaires c’est beaucoup, chapeau !
14h10, quatre filles montent sur scène, ah un peu de douceur après les décibels envoyés par les deux groupes français. Des Suédoises en plus, ça va être relaxant genre sauna, cool !… Ou pas !!!! Souriantes et avec une bonne paire de cojones, les Crucified Barbara démontrent sans problème qu’il y a de la place pour tout le monde dans le rock’n’roll. Démonstration tout en puissance.
14h55, Karnivool et son rock progressif du pays des kangourous, le son est massif, mais sur scène ça manque un peu d’expression, de vivacité. Le chanteur Ian Kenny me fait un peu penser à un crooner par son attitude. Si on coupait le son et ne gardait que l’image on aurait pu mettre du jazz derrière, un style singulier et dépaysant. Tiens ça serait une idée ça de faire venir Michel Jonasz pour tenter le mashup… pas certain que Michel survive.
On continue avec le public les allers-retours entre les scènes pour aller découvrir les polonais de Behemoth, damned ceux-là pour le coup ils font flipper. Après réflexion, pour du black/death metal c’est mieux d’être en Faucheuse avec guitare à la place de la faux qu’en bisounours avec une crête. Le groupe bétonne, double pédale à gogo, chant guttural, prestation démoniaque. Le monde afflue de plus en plus sur le festival.
On se retourne et nous voilà face aux Suédois de Sabaton. Énergiques, riffs carrés, rythmiques lourdes, chœurs accrocheurs et un chanteur monté sur ressorts, mélange aux petits oignons. Par contre Joakim (le chanteur), laisse repousser les cheveux et change de costume… Vestimentairement, ça faisait un peu Wesley Snipes dans Demolition man mais façon boys band. Musicalement, fédérateur.
17h10, Bring me the Horizon, UK. Le quintet de Sheffield fait dans le metalcore, le chanteur Oliver Sykes braille, gesticule, se tient les bourses (ben oui) avec férocité. La prestation est impressionnante. On apprendra par la suite que pendant ce concert la zone thermale située à côté a eu le jus coupé. Pépé et mémé ont eu le bain à bulles qui a fait une pause. Coïncidence ou pétage des plombs suite à la charge de Bring Me The Horizon, Dieu seul le sait.
Virage à 180° et on se dirige vers la scène Saturn pour le concert suivant qui débute dans cinq minutes. On se sent un peu au milieu d’un ping-pong géant entre les deux scènes, et « techniquement », on comprend toute l’organisation et la stratégie à mettre en place pour réussir à coincer un arrêt au stand pour faire le plein en bière. Du coup le format pichet de 1,5L à accrocher à la ceinture prend tout son sens.
Amon Amarth débarque carrément sur scène avec son drakkar pour imposer son death metal. Des vikings sur scène comme dans la fosse, dont un qui deviendra vite la coqueluche du festival. Fusion irrésistible de riffs aiguisés, d’harmonies mélodiques et de cris caverneux, les Suédois (encore eux, IKEA, Krisprolls, ABBA, Metal, ils sont bons partout) assomment l’auditoire.
Il est à présent 19h00, moment particulier pour beaucoup, l’arène est pleine et on se tourne très rapidement vers la grande scène, un mythe transgénérationnel est attendu, un monstre. Ils arrivent sur scène, la foule devient folle, et tombe la phrase « Hey ! We are Motörhead and we play rock’n‘roll » puis l’enfer se déchaîne. Ça part dans tous les sens, ça joue fort, très fort, c’est jouissif, Lemmy et son groupe pulvérisent les tympans des derniers spectateurs qui osaient encore se promener sans bouchons. Leçon de rock’n’roll. Je suis venu, je l’ai vu, j’ai été ému.
Moment tragique également, durant cette prestation un spectateur fera un malaise, et ne reviendra pas. RIP mec.
Je décide de faire l’impasse sur In Flames que je suivrai de la tente restauration. Manger uniquement liquide ne permet pas une concentration correcte pour suivre tous les groupes, bien des guerriers sont tombé au champ d’honneur, ayant trop abusé de potion magique…
Retour sur zone pour apprécier Slayer, membre du Big Four of Thrash, déjà présent lors de l’édition 2011 du Sonisphere. Référence, on en prend plein la gueule. Kerry King et Gary Holt sont transcendés. Maîtrise de la violence sonore. A noter le bel hommage rendu à Jeff Hanneman, qui nous a quitté en mai dernier, avec le déploiement d’une bâche spéciale derrière le groupe.
22h30, virage nu-metal avec d’abord l’arrivée sur scène de Korn. Head étant depuis peu de retour dans le groupe, la prestation est très attendue. Voix reconnaissable entre mille, textes torturés, une rythmique groovy et des guitares tranchantes, Korn fait le show, balaie tout son répertoire, prend plaisir et ça se voit.
23h50, on attaque le dernier live avec les américains de Limp Bizkit. Le son est énorme, la rythmique lourde, le retour en arrière bienvenu et plein de souvenirs. Le groupe nous fait un marquant et percutant best of live des albums Significant Other et Chocolate Starfish and the Hot-Dog Flavored Water. Wes Borland est toujours aussi énigmatique, puissant et gesticulant. Fred Durst, lui, tente de meubler entre les chansons, quand il ne veut pas qu’on le résume au mot FU**, on se rend bien compte qu’il n’a rien à dire et que c’est une girouette.
01h20, les Bee Gees retentissent dans les enceintes, fin de la bataille, on remballe, on vide les derniers fûts, on fête la victoire du Metal. L’ambiance était très bon enfant, la musique au poil. N’assistant pas à la deuxième journée je ne me fais pas de souci.
Le Sonisphere est en tout point un très bon festival qui doit durer…mais améliorer sa gestion catastrophique des photographes (ça c’est perso).
Pour reprendre Lemmy : « We are legion and we listen to ROCK N’ROLL !!! »