Sarh, c’est d’abord une ville perdue au milieu du Sahel, mais maintenant c’est aussi le nom du projet monté par DJ Pone des Birdy Nam Nam et José Reis Fontao de Stuck In The Sound. Ils signent ensemble la jonction de leurs influences. On connait DJ Pone pour sa maîtrise du turntablism dans une bonne veine hip-hop, alors qu’on avait une image plus rock de José Reis comme chanteur des Stuck In the Sound.
L’album éponyme du groupe propose onze titres envoûtants évoquant pêle-mèle Radiohead, Dead Can Dance ou encore Dario Argento. Le son est désertique, soutenu par une voix éthérée, presque atmosphérique.
Urquinaona ouvre le bal et nous emmène pendant cinq minutes et quarante-deux secondes dans un univers minéral à l’image du reste de l’album. La voix de José Reis Fontao vient habiter cette ambiance et lui donner une couleur humaine remplie de sensibilité.
On enchaîne avec Colors, plus apaisé, chaleureux, presque confortable. Les instrumentaux évoquent Brian Eno et le chant qui nous susurre « I don’t give a fuck, if you know what I mean« . Un deuxième titre qui invite à l’indolence, en toute impunité.
Sailing With Lost Souls nous amène quasiment au seuil de la World Music, avec un beat rappelant des percussions tribales. Le son évolue tout au long du morceau vers un aspect plus électronique. Nuances interessantes.
Sur U and I, l’atmosphère s’assombrit et s’élève en même temps. « U and I » revient, lancinant, obsédant, s’infiltre dans les neurones et prend toute la place, soutenu dans cet envahissement sonore par un beat et des chœurs qui ne laissent rien au hasard.
L’ambiance devient plus légère sur Venise. On arrive à la moitié de l’album et ce morceau fait souffle et respiration. Un son de guitare s’invite et ramène l’atmosphère générale vers quelque chose de plus terrien.
Blind est dans la même veine, une voix haute, des percus légères en fond sonore, une mélodie prend sa place au fil du morceau.
Le répit est de courte durée, Welcome to Sarh nous replonge dans quelque chose de plus sombre, la mélodie des cordes maintien néanmoins une note un côté désinvolte qui plane en fond dans le morceau. Ce titre est représentatif de l’album et du concept proposé par les deux musiciens. Un des morceaux emblématiques de ce groupe. La voix prend toute son ampleur et nous tire vers le haut.
Summertime of Broken Dreams amorce un virage radical par rapport aux autres titres, le son est pop, le chant est joyeux, presque adolescent. Les Beatles ne sont pas loin dans certains vocaux. Le titre qui fait du bien, qui sent les vacances.
C’est un autre versant de l’adolescence qui est proposé dans The Last Feeling, plus mélancolique, plus nostalgique. Un morceau de coucher de soleil, de fin de soirée. Une ambiance que l’on retrouve également, mais de façon plus sèche, sur Waving Goddbye.
L’album se ferme sur Aissa. Un son de vinyle, une frêle percussion qui a l’air lointaine, étouffé par le vent. Un chant en forme de conclusion, une mélodie d’adieu.
Un premier album varié et cohérent, SARH envahit, imprègne, ne laisse pas indifférent. Quand on aime Radiohead, les déserts et les ambiances contemplatives, ce son est parfait.
Photos © Quentin Caffier.
- Urquinaona
- Colors
- Sailing With Lost Souls
- U And I
- Venise
- Blind
- Welcome To Sarh
- Summertime Of Broken Hearts
- The Last Feeling
- Waving Goodbye
- Aïssa
Un commentaire
[…] avait découvert le premier EP du duo SARH avec un certain plaisir et on a été agréablement surpris par leur prestation sur la […]