Désinvolt

Samedi soir nous étions à la soirée afrobeat proposée par l’espace Le Chinois à Montreuil. Sorte de tremplin pour les groupes qui souhaitent passer à l’Alimentation Générale, l’endroit tire son nom de son passé de restaurant asiatique. La salle est plutôt grande, avec un bar quasiment en face de la scène. Celle-là est positionnée en coin, sur la gauche. On trouve un baby-foot et de larges tables en bois, qui donnent des allures de MJC à l’endroit.

Le groupe Afreeboat ouvre le bal. Leur style afrobeat est enrichi de tonalités reggae et ska bien dansantes. Le devant de la scène est occupé par une importante équipe de cuivres. Une trompette, un trombone, un saxophone ténor et deux barytons donnent une couleur chaleureuse au groupe. S’ajoutent à la formation un guitariste, un bassiste, un batteur/percussionniste, un clavier et un chanteur qui prend également le relais aux percussions sur certains morceaux. Tout ce beau monde forme une équipe joyeuse et improbable. Les morceaux font bouger les corps dans la foule. On saluera les passages rappés dont le flow marque par son originalité. La guitare garde un son bien funk, soutenu par une basse groovy à souhait. Le rappel se termine par un bon solo de batterie qui rend compte de la variété des rythmes utilisés par le groupe.

Les gars d’Opposite Afrobeat Band nous proposent, comme leur nom l’indique, un afrobeat dans style très fidèle au mouvement original. Le son est moins métissé que celui des précédents Afreeboat, mais la technique et le message correspondent véritablement aux racines du style musical. Ce collectif existe depuis cinq ans, et de l’aveu du chanteur principal, ils semblent proches d’enregistrer un album. Le set s’ouvre avec un clin d’œil à Fela Kuti, LA référence en terme d’afrobeat. La troupe enchaîne avec une alternance de morceaux originaux et de reprises de Souljazz Orchestra. Les textes sont colorés d’altermondialisme et de critique du système.Le son est chaleureux, ils sont dix musiciens sur scène : en plus des classiques guitare, basse, batterie, on retrouve un claviériste qui régalera la foule d’un superbe solo en fin de set. Postés sur le devant de la scène, Audrey assure les chœurs, Ben envoie un chant rythmé et chaloupé, et J.-M. souligne le tempo de ses belles percussions. La section cuivres est bien représentée, avec un trombone, un sax ténor et un sax baryton. Chaque membre du groupe est orné d’un tatouage peint par l’artiste Raphe HEC, ce qui donne aux musiciens des allures de guerriers.

La basse solide balance un groove à toute épreuve. Les textes sont jetés par un Ben au flow rapide et bariolé. Chacun ondule au rythme balancé de l’électrique afrobeat en cette belle soirée à Montreuil. Le concert se termine sur l’excellent Open’n’close de Fela Kuti, puis le groupe est rappelé et fait monter le public sur scène pour un dernier bœuf endiablé. Quelques-uns des spectateurs s’essayent au chant et certains sont même très impressionnants.

Ce soir l’ambiance était chaude et chaleureuse au Chinois. Les groupes ont mis de la couleur dans les corps et les esprits. On n’était pas tout à fait à Montreuil, mais quelque part plus au Sud.

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