Joyeux mélange de claviers connotés garage rock, de grooves dignes des groupes de funk africain des années 70 et de musique de film, la musique de Forever Pavot est également empreinte de structures et d’arrangements qui peuvent rappeler les grandes heures du rock progressif à papa. En gros, il faut l’écouter pour comprendre. Le live au Connexion faisait voyager entre la partie la plus accessible de l’oeuvre de Can, le Mirage de Camel (dont la pochette vaut le détour, au moins en tant que cas d’école juridique sur la propriété intellectuelle).
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Malgré un côté très maîtrisé et des compositions assez élaborées, Forever Pavot ne tombe pas non plus dans le cliché de la musique pour musiciens. Les musiciens, sans nécessairement être des virtuoses, ont l’air de connaître le sujet, et ont tendance à jouer assez en retrait, pour mieux se concentrer sur leur jeu, et nous délivrer un groove puissant et naturel. Le batteur et le claviériste enchaînaient les sourires et les regards complices, et semblaient prendre un réel plaisir à faire vivre cette musique.
Si Forever Pavot est avant tout un projet solo, articulé autour d’Emile Sornin aux claviers, ce dernier a su s’entourer à merveille pour interpréter cette musique à la fois très typée et totalement intemporelle. Bongos en furie, orgue vintage, flûte traversière, section rythmique au poil… Et ces claviers ! Je n’avais pas entendu ce son d’orgue si caractéristique depuis les compilations des Ethiopiques (qui regroupent des morceau phares de la musique éthiopienne des années 60 et 70), mais ça fait du bien ! Mention spéciale au mec qui alternait guitare, flûte traversière et bongos sur le concert. Petite parenthèse : suis-je le seul à trouver qu’il y a dans tout ça un petit côté musique de film porno, à l’époque où la législation sur les couleurs de chemise était souple ? Enfin bref, mettons ça sur le compte d’un esprit mal tourné.
Reste qu’on est devant un groupe à la discographie jeune mais solide, aux morceaux composés de mille et une influences, toutes aussi obscures et bien digérées les unes que les autres. Le chant, mixé en retrait, fait la place belle au jeu instrumental et aux textures. Les thèmes s’enchaînent, les musiciens envoient du gras, pied au plancher. Quant aux prestations live, extrêmement carrés et pourtant d’apparence très libre, elles valent leur pesant de cacahuètes. C’est pas encore le coup de coeur de l’année, mais c’est au moins celui de cette dernière semaine de janvier !
A noter qu’au moment où j’écris ces lignes, le premier EP en vinyle vient d’être réedité. Autant vous dire que je me suis jeté dessus, littéralement !