Révélation en 2012 avec son premier album Places, Lou Doillon revient avec un nouvel opus : Lay Low.
Oublions d’emblée la “fille de” pour nous concentrer sur l’artiste à la voix toujours aussi grave, rauque, écorchée et si belle. Une voix sublimée par des arrangements tantôt lents et lourds (on pense par moment à Alain Bashung dans son dernier album Bleu pétrole), tantôt épurés.
Onze morceaux composent ce nouvel album, écrit et composé par Mlle Lou Doillon. Déjà auteure, compositrice et interprète, elle s’est glissée pour la première fois dans le costume de productrice aux côtés de Taylor Kirk (du groupe Timber Timbre). Un album enregistré entre Montréal, Paris et Londres et mixé par Nick Launay (metteur en son des albums de Nick Cave – rien que ça !). Lay Low se révèle moins accessible que son prédécesseur, plus mélancolique, voire grave.
Un album folk/blues qui nous embarque dans un road-movie où chaque morceau est un arrêt sur le bas-côté ; comme un besoin pressant d’exprimer un sentiment, une pensée, un mal-être. Le voyage n’est en rien géographique et fait place à l’introspection. Dans le livret en photo, on aperçoit un tatouage (parmi d’autres) : “It’s just a ride” peut-on lire… Comme une évidence. J’ai réécouté l’album lors d’un trajet en voiture (Normandie-Bretagne, l’aventure !) : les paysages ruraux défilaient sous mes yeux à travers la vitre, pourtant d’autres paysages et scènes défilaient dans mon esprit.
Amours déçus, passionnels (Where to start), voire étouffants (So still – “Such an ocean of love, that I’m washed up on shore”), fantômes du passé (Above my head), … Des morceaux parfois cinématographiques : Weekender Baby pourrait mettre en scène une jeune femme assise seule dans un dîner et qui enchaîne cafés, whiskies, en attendant désespérément qu’il appelle, qu’il décroche. “No, no he still hasn’t called me […] I check my watch, my phone”, “One, two, three, four, five rings… You used to be so quick to pick up”. Le quotidien capturé avec son lot d’humeurs et de mélancolie.
La pochette de l’album en est la parfaite illustration : un autoportrait pris au réveil, ébouriffée. Il faut parfois du temps pour se réveiller, tout comme il faut du temps pour apprivoiser cet album, … avant d’être définitivement séduit ! La B.O. parfaite du spleen automnal qui nous guette.
Premier single : Where to start, jolie ballade. Un clip filmé façon super-8, comme ces films de famille « faits maison » : Lou Doillon seule sur une route de montagne, nageant dans un lac, devant une vieille bâtisse …
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Lou Doillon reste (et restera) “la fille de”, mais incarne aussi la nouvelle scène française. Entre-deux, mais pas pour autant coincée, elle cultive un style intemporel et une certaine étrangeté qui intrigue. Elle révèle d’ailleurs dans une interview (pour le magazine Elle) : “Etienne Daho [NDLA: producteur de son premier album] me disait : Tu es une vieille âme et tu chantes comme une vieille âme.” Voilà pourquoi la musique folk lui va si bien…
Tracklist
- Left behind
- Above my head
- Where to start
- Nothing left
- Lay low
- Weekender baby
- Let me go
- Good man
- Worth saying
- Robin Miller
- So still
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