En ce jeudi soir de fin octobre, nous nous faufilons dans le sous-sol de la Maroquinerie pour nous réchauffer au son de Soan et Melissmell.
C’est la première fois que je découvre Soan sur scène, et n’ayant en tête que la partie médiatisée du personnage, je suis agréablement surprise. La voix et le corps oscillent un peu et quelques réglages seront nécessaires avant que la musique ne débute. L’ambiance est chaleureuse, et l’artiste prend à cœur son rôle de chauffeur de salle. Il vanne allégrement Melissmell qu’il connait depuis longtemps. Celle-ci répond dans le même style et on se sent comme à la maison. Le set sera court avec Conquistador, The Storm, Putain de Ballerines, Je Reste ou encore A Tire d’Aile. En quelques chansons, Soan montre ses talents de guitariste et d’interprète. Il est accompagné par un batteur très à l’écoute, qui le suivra sans setlist et sans avoir pu faire de balances. L’artiste laisse apercevoir une force vocale tranchante. On sent l’écorché vif sous le chapeau. La voix se fait déchirante et le public répond présent. Le terrain est prêt pour accueillir Melissmell.
Melissmell s’installe et prend le relais. La salle s’est remplie et réchauffée, le public plonge la tête la première dans les textes et la voix de la chanteuse. Le nouvel album, intitulé L’Ankou et tout juste sorti en septembre, sera mis à l’honneur. Pour la petite histoire, le nom de l’album fait référence à la personnalisation de la Mort dans les légendes bretonnes. Citadelle résonne dans les quatre coins de la salle et entraine la foule dans sa litanie. Bleu Marine nous secoue, Les Jours de Récolte nous tient par le cœur. Avec Madame elle attrape le public et scande son texte au plus profond de chacun. Le morceau monte en puissance avant d’éclater de façon retentissante. Melissmell est impressionnante sur scène. Elle n’en fait pas trop, reste simple, tout en dégageant une puissance qui scotche le spectateur.
La chanteuse s’essaye à l’anglais et fait retentir toute la dimension rock de sa voix avant de nous lire sa version du poème de Rimbaud Le Bal des Pendus. On enchaine avec Sobre La Muerte et Le Pendu qui résonne dans les poitrines et au fond des gorges. Beaucoup ont le poing levé, Melissmell la première. Elle a fait tomber la veste et dirige son micro vers la salle qui reprend en chœur et avec conviction. La réverb’ se fait sentir pour accentuer la profondeur de Ma Petite Étoile Noire avant que ne retentissent les mots du sublime Khmar. La prestation se termine avec Le Chant des Éclairées et ses chœurs furieux, habités et envoûtants comme sait si bien en faire Melissmell.
Croire que le concert se termine ici c’est bien mal connaître l’artiste. Elle revient pour une série de rappels qui comprend notamment une interprétation fulgurante de Maman suivie de La Route. Chacun est remercié avant l’explosion que suscitera Aux Armes dont elle nous dit qu’elle a pris la Marseillaise et l’a enculée avec l’Internationale. Les stroboscopes rouges éblouissent la salle, les poings rageurs sont dressés vers le ciel. Alors qu’on pense que c’est fini, elle nous offre encore le beau Adieux qui sonne comme une réponse au Salut à Toi des Béruriers Noirs. Le salut final se fait sous les hourras du public. Melissmell nous laisse avec un ultime morceau, la reprise de L’Arôme de Mano Solo. On est émus et conquis.
Photos © Dody.
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