J’ai découvert Eric Canto il y a quelques années, avec la pochette de l’album August (The Month Of Misfortune) de Lunatic Age pour lequel il avait fait les photos du groupe. J’ai alors commencé à suivre son travail, ce qui fut très facile pour moi car il a commencé à travailler avec des groupes que j’apprécie beaucoup comme Lofofora et surtout Mass Hysteria. Aujourd’hui, il lance un financement participatif pour publier A Suspended Moment In Time : « 10 années de photo dans la musique, 700 concerts et prés de 100.000 km pour un livre composé de photos live, de portraits, de photos backstage ». J’en ai donc profité pour poser quelques questions à Eric Canto.
Bonjour, Éric, comme peu de lecteurs de Désinvolt te connaissent, peux-tu te présenter ?
Bonjour, alors je suis photographe dans le milieu de la musique, je travaille avec des groupes comme Mass Hysteria, Lofofora… Je m’occupe de la communication globale en créant la pochette, les affiches et l’ensemble des outils de communication. Pour Mass Hysteria cela va bientôt faire dix ans et six albums. Je fais aussi de la photo de concert pour des magazines, des festivals, des portraits pour des artistes, des labels.
Comment en es-tu venu à faire de la photo de concert ?
J’ai été guitariste pendant quelques années mais ma place n’était pas là. Je suis trop timide pour être sur une scène. La photo est venue presque par hasard et m’a permis de continuer à écumer les concerts sans être le centre de l’attention.
Qu’est ce qui te plait dans la photo de concert et d’artiste ?
Fréquenter des artistes que tu admires, partager un quotidien ou des moments exceptionnels sur une immense scène doit normalement plaire à tous. Le poste de photographe te permet d’être dans l’événement sans en être un acteur principal. En gros, tu es là mais tout le monde s’en fout. Shooter en live te permet d’avoir une position privilégiée pour profiter du spectacle et dans le même temps, j’aime cette idée de participer à un événement pour en ramener ta propre interprétation. Pour les pochettes c’est très différent. Certains groupes ont une idée très précise, d’autres par contre n’ont pas la moindre… C’est une collaboration toujours intéressante car très créative.
Tu lances actuellement un financement participatif pour publier ton premier livre de photos A Suspended Moment In Time. Pourquoi choisir ce mode de financement ?
Ce mode de financement me parait très sain. Si ton projet intéresse, il se fera. C’est d’un point de vue logistique très pratique, ça permet de bien remettre l’égo à sa place et surtout, cela me permet de proposer un artbook de qualité à un prix très bas. En distribuant différemment, il ne sortirait jamais à 39€ (avec frais de port) mais à 60€. De plus, je souhaite avoir l’entière liberté sur ce livre. Je veux proposer les choses telles que je les vois. Je veux garder la main.
Tu n’as pas peur de ne pas pouvoir réunir la totalité de la somme même si cela semble très bien parti ?
C’est le risque, mais si le projet ne prend pas, c’est que je n’ai pas proposé quelque chose de suffisamment intéressant. En même temps j’ai bien conscience que les livres photo dans la musique se vendent très peu et que 39 ou 49€ est une somme. Le pari est encore plus risqué lorsque l’on propose un livre qui va de Rihanna à Refused. Y a comme un grand écart.
Peux-tu nous parler un peu de ce projet : A Suspended Moment In Time ?
J’ai rapidement remarqué une récurrence dans mes photos. Je ne cherche pas le moment de bravoure, je ne cherche pas l’interaction du public avec l’artiste, je recherche souvent un moment que j’appelle « suspendu ». J’aime cette approche car un homme debout devant 50.000 personnes qui hurlent son nom, c’est étrange quand on y pense. Alors chacun de ces artistes gère cela à sa façon, certains même le vivent bien m’a-t-on dit. C’est d’ailleurs étonnant comme des bêtes de scène sont en dehors de la scène des gens parfois très timides.
Pour moi ce moment suspendu, c’est le moment où le masque que porte l’artiste pour mettre une distance avec cette folie se fissure un peu et où l’humain transparaît, ce moment de doute, de flottement, de suspension. C’est le moment que je recherche le plus souvent.
Quel est ton meilleur souvenir de concert en tant que photographe ? Et en tant que spectateur ?
En tant que photographe, j’ai vécu des moments assez fantastiques sur la route avec Mass Hysteria. Beaucoup de trucs drôles, des rencontres impressionnantes, Korn qui t’invite avec le groupe à venir voir le concert sur scène pendant leur show à Montréal devant des dizaines de milliers de personnes, Björk qui demande à te voir après le concert pour regarder tes photos, le retour de Refused sur scène aux Eurockéennes sous une pluie battante et une folie sur scène, il y en a tellement…
Parlons un peu musique si tu le veux bien, il y a quoi dans ton lecteur MP3 ?
Des choses très différentes, pas mal de métal, le dernier Gojira, les nouveaux titre de The ARRS, le dernier Psykup, du Mass Hysteria, Pantera, Letlive, Refused, Architect d’autres choses comme Royal Blood, The HIVES, Radiohead, Erikah Badun, Sinatra, Rival Sons, Public Enemy, Run DMC, Black Keys, Gary clark Jr, Run the jewels, Trombonne Shorty. Pas mal d’electro, Gesaffelstein, le dernier Rodriguez Jr, bref, des choses assez différentes.
Quelles sont tes découvertes musicales du moment ?
En électro le dernier Rodriguez Jr et Royal Republic que j’ai découvert il y a quelques mois par hasard sur scène.
C’est quoi ton dernier coup de cœur musical ?
Le dernier Gojira, je pense : Magma.
Si vous ne connaissez pas le travail d’Eric Canto, on vous recommande chaleureusement d’aller faire un tour sur son site et pourquoi pas de vous faire un joli cadeau avec son livre qui vous pouvez pré-commander jusqu’au 30 juin ici.
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