Ce dimanche on débarque en début d’après-midi sur Solidays pour découvrir A-Vox sur la scène Domino. Le duo électro-rock composé d’Anthéa et Virgile a l’expérience des première parties de Twenty One Pilots. C’est une belle entrée en matière pour le dimanche avec de gros riffs et des rythmiques tendues. Entre deux morceaux, ils évoquent Charlie et le Bataclan, petit pincement. On retourne vite à la musique avec des lignes mélodiques efficaces, des beats toniques et puissants et des guitares qui rugissent.
On file sur la scène Paris pour Motivés. Tout juste reformés pour la réédition de l’album Chant de Luttes, le groupe met une ambiance de dingue. Le mot d’ordre : « Y’a toujours pas d’arrangements!« . Le public bouge bien et reprend les textes d’une seule voix. On retrouve les classiques de Zebda notamment un petit Oualalaradime qui fait plaisir. Le message de solidarité est clair, fort et souvent émouvant.
Sur Bagatelle, juste avant le concert de Mat Bastard, un militant de la lutte contre le Sida vient présenter son association basée au Congo Brazzaville. Il donne l’exemple d’une jeune femme décédée faute de traitement et rappelle l’importance de la mobilisation. Le discours est puissant et se termine par des encouragements scandés par la foule. Les musiciens s’installent, un bassiste, un batteur et deux guitaristes posent un ring d’ondes sonores dans lequel déboule un Mat Bastard bien remonté. L’énergie est brute, débordante et intense. Mat Bastard est une vraie bête de scène. Il présente les morceaux de son album solo LOOV tout juste sorti. Entièrement vêtu de rouge, il laisse tomber le T-shirt dès le second morceau. Rosemary fait chanter un public conquis. Le concert prend une autre dimension. Il reprend Je t’Emmène au Vent de Louise Attaque en ordonnant à la foule de se retourner. Il hurle, saute, improvise. Le groupe reprend un titre de Carvin, son premier groupe de punk. A-Vox les rejoint pour More Than Friends et quelques autres morceaux. Il évoque rapidement la séparation de Skip The Use pour introduire l’excellent Vivre Mieux. Il invite la foule à souhaiter un bon anniversaire au guitariste et termine sur Ghost. C’était un peu n’importe quoi mais qu’est-ce que c’était bon.
On enchaîne avec Imany qui pose sa folk engagée sur la scène Paris. L’artiste semble toute petite face à la foule mais sa voix la rend immense. Son You Will Never Know résonne dans le public qui reprend les paroles d’une seule voix. Elle présente There Were Tears en soulignant que le morceau évoque Nelson Mandela. Le message est fort et touchant. On est dans la lignée des protest songs et on pense à des artistes comme Joan Baez. Elle reprend le tube de Queen, Bohemian Rhapsody et nous file des frissons. Les parties opéra sont jouées par les instruments ce qui ajoute de la puissance et de la beauté à ce moment. On chante avec elle sur Don’t Be So Shy et on savoure ces mélodies efficaces. Une belle découverte.
En se dirigeant vers la scène Domino, on passe devant la messe des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence au César Circus. Mouvement militant LGBTQIA+ dont les membres sont organisés en couvents, les Soeurs aiment parader en costume, souvent avec un maquillage voyant, pour sensibiliser à différentes causes comme la lutte contre l’homophobie, la lutte contre le Sida… Sur scène, les discours sont à la fois militants, drôles, touchants et provocateurs. Une véritable institution à Solidays.
Sur la scène Domino, Flatbush Zombies envoient un hip-hop puissant. La foule se serre sous l’auvent. Le groupe est impressionnant tant dans leur performance scénique que musicalement. Ils calent une petite session beatbox dans leur set. La foule est hystérique. Les beats sont lourds, les morceaux évoquent les meurtres commis par la police et dont de nombreuses victimes étaient des noirs américains. Le groupe distille un excellent gangsta rap. Ils échangent beaucoup avec le public entre leur morceaux. Le phrasé est saccadé, rapide et efficace. La foule scande « Zombies ! » et ondule au rythme des basses lourdes et vibrantes.
On termine la journée et le festival devant la scène Dôme avec Petit Biscuit. Seul derrière ses machines, il propose une électro planante à souhait. Les sons créent une atmosphère posée et les transitions sont bien sentie. Samples, basses et beats se marient amoureusement pour laisser place à la rêverie. Il est accompagné de vidéos oniriques et jongle avec les pads et les curseurs de la table pour nous emmener dans un univers envoûtant. Petit Biscuit livre un bonne prestation live, et arrive à être communiquant derrière ses machines. Il donne à la foule des sons qu’elle s’approprie et fait bien participer le public.
Solidays propose une programmation variée et actuelle avec de nombreux artistes français. L’ambiance y est détendue et engagée. La dimension militante est mise en avant dans ce qu’elle a de plus rassembleur. Tout le monde y trouve sa place. Solidays reste un des rares gros festivals parisiens à avoir une âme, dans la lignée du festival Les Femmes S’en Mêlent.
Photos © Dody.
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