Ce samedi on s’est retrouvé par hasard aux Grands-Voisins pour le concert de Mandakil, groupe ethio-jazz afrobeat psyché. Quelques éléments de contexte.
Les Grands Voisins, c’est un site éphémère qui s’est développé depuis l’automne 2015 sur l’Ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul, au 74, Avenue Denfert-Rochereau, dans le quatorzième arrondissement de Paris. L’idée est de permettre à la population de riverains, touristes, travailleurs ou personnes fragiles hébergées dans les foyers aux alentours, de coexister dans un même espace. Le site accueille six centres d’hébergement, des initiatives sociales et solidaires, des créateurs, des associations, des ateliers-boutiques, plusieurs espaces de bars et de restauration ainsi qu’un atelier de construction géré par le collectif Yes We Camp. Ce mélange détonnant créé un lieu assez agréable, entre le site de festival, le squat d’artiste et la brocante.
C’est l’endroit choisi par le groupe Mandakil pour poser leur son en ce samedi 9 juin. Le concert se déroule dans le bâtiment La Lingerie. Mandakil est un collectif créé en 2010 par un petit groupe de musiciens passionnés d’afrobeat nigérian et de jazz éthiopien. Influencés principalement par des artistes tels que Mulatu Astatké, Antibalas et Fela Kuti, ils ajoutent à cette sauce bien groovy une bonne dose de psychédélisme et de rock progressif qui donne une couleur originale à leur son.
Sur scène ce ne sont pas moins de neuf musiciens accompagnés ce soir par un chanteur éthiopien solaire, qui investissent la petite scène de La Lingerie. On a Matt au trombone, Yann à la trompette, Val au sax ténor, Cédric au sax alto, François aux claviers, Killou à la guitare, Manu à la basse, Fred aux percussions et Jeff à la batterie. C’est Georges qui assure le chant ce soir, et nous emporte, avec sa voix, aux confins du continent africain. Le set commence sur des notes très cools, avec des tonalités jazz assez douces et planantes. Le public ondule doucement. Le chanteur est assez détendu et arrive sur scène un peu en retard au son des appels du public. Le rythme s’accélère au fil des morceaux et le groove prend de l’ampleur. La guitare envoie un son profond avec des distorsions proches du larsen sans jamais y basculer. Les effets sont psychés à souhait et emmènent l’esprit ailleurs.
Le groupe fait une petit pause en milieu de set avant de reprendre de plus belle. Les morceaux de leur EP Anyoto sont bien représentés et les titres peuvent s’étirer pendant 10 minutes sans problème. Le public est d’un éclectisme rare dans les salles parisiennes. On voit autant de jeunes hipsters que des bobos quarantenaires avec leurs enfants. On croise des vieux, des spécialistes de musiques africaines, des touristes et des habitants des foyers qui portent encore les traces de la rue sur leurs visages. Tout ce petit monde danse ensemble le sourire au lèvres dans une ambiance conviviale et familiale. La basse est solide et fait bouger les bassins, les percus et la batterie sont tenaces et légères à la fois. Le clavier et la gratte assurent la dimension planante pendant que les cuivres proposent des envolées mélodiques assez sympathiques.
On en ressort ravis et transportés. Le concert était à l’image de l’endroit, accessible et chaleureux. Une belle découverte !