Quand Guitar Hero II est sorti sur Playstation 2 en novembre 2006, je ricanais. Oui. Je me moquais de ces artistes à cinq boutons qui pensaient faire de la musique avec une guitare en plastique type Smoby. Je jouais moi-même de la guitare (de la vraie) depuis environ 6 ans, et par pure prétention, je me sentais musicalement supérieur à ces millions de jeunes s’agitant frénétiquement sur leur jouet, devant leur console. Un an après, en novembre 2007, lors d’une soirée entre amis, ils sortirent la PS2 et ce fameux Guitar Hero II que j’allais, pour la première fois, pouvoir tester et pourrir en temps réel. Un an et demi plus tard, aujourd’hui, je possède tous les volets, 3 guitares en plastique différentes, et je cumule pas loin de 150 heures de jeu tous Guitar Hero confondus. Récit d’un ramassage de face sur des à-priori imbéciles, et découverte du concept d’überfun vidéoludico-musical.
Un phénomène nouveau dans l’industrie du jeu vidéo
Guitar Hero c’est plus de 25 millions d’unités vendues dans le monde, depuis son premier volet sorti en 2005. Ne proposant aucune révolution technique ni technologique, la licence Guitar Hero a su se démarquer par un gameplay jusqu’ici jamais exploité : jouer des morceaux de musique de groupes connus à l’aide d’une fausse guitare, le tout en rythme grâce à une série de boutons sur le manche de la guitare et un interrupteur en guise de médiator. Une idée très basique, qui a rapporté à ses éditeurs, Activision et Red Octane, un total d’environ 2 Milliards de dollars de bénéfices. Et cette petite cagnotte augmente tous les jours. Pour vous faire une idée de la chose, imaginez les Boyards qui tombaient et tintaient quand Felindra tournait la tête de tigre. Vous voyez ? Et bien là c’est pareil, sauf que les pièces ne tombent pas que le samedi soir, mais tout le temps.
Si Guitar Hero I et II étaient d’abord exclusifs à la console Playstation 2 de Sony, le portage de Guitar Hero II et de toutes ses suites sur d’autres plateformes ne s’est pas longtemps fait attendre. Si bien qu’aujourd’hui, pas une console sur le marché ne dispose pas de sa ou ses versions de Guitar Hero. L’impact musical d’un phénomène GH-like atteint même le développement culturel d’une voire plusieurs générations : une étude très sérieuse de Youth Music au Royaume-Uni affirme que près de 19% des jeunes britanniques qui jouent d’un instrument de musique ont été inspirés par des jeux comme Guitar Hero. Et plus tard, quand on demandera à une Star internationale d’où lui est venue la passion pour la musique, il répondra « J’ai joué à Guitar Hero » et tout le monde se foutra de sa gueule. La guitare Smoby, tout ça…
5 ans d’existence et 13 jeux différents
Des petites consoles portables comme la Nintendo DS jusqu’aux PC avec plein de composants électroniques à l’intérieur, la diversité des plateformes permet à Guitar Hero de sortir en plusieurs déclinaisons différentes d’année en année, et de toucher plusieurs publics, petits, adolescents, adultes, filles et garçons. Si on devait faire un énième parallèle entre Guitar Hero et un artiste musical, on dira que là aussi, le succès tient à l’audience. Sur ce coup-là, les éditeurs ont mis la main sur une mine d’or.
En 2005, fin 2006 et fin 2007 sortent respectivement Guitar Hero I, II et Rock the 80’s (playlist retro) sur la Playstation 2. Guitar Hero II sera porté sur la console Xbox 360 de Microsoft en avril 2007 où il rencontra un franc succès, étant le premier volet de la série à être disponible sur une plateforme dite nextgen à l’époque (aujourd’hui appellée newgen). Mais le vrai succès de la série s’est fait sentir en novembre 2007 lors de la sortie de Guitar Hero III : Legends of Rock, qui a littéralement secoué la planète jeu vidéo et explosé tous les records de vente pour un jeu de ce type : un chiffre d’affaires de 115 millions de dollars sept jours à peine après sa sortie et uniquement en Amérique du Nord, plus de 3,2 millions de foyers équipés du jeu et de la petite guitare seulement 3 mois après la mise en vente, et je m’arrête là, il y aurait encore beaucoup de records à lister, sachant que ce troisième volet se vend encore aujourd’hui.
Ces chiffres explosifs s’expliquent d’une part par une playlist de chansons jouables assez conséquente (70 morceaux) comparée aux précédentes, mais aussi et surtout par le fait que Legends of Rock soit sorti sur Xbox 360, Playstation 2, Playstation 3, Nintendo Wii, et PC. Un grand coup marketing qui a porté ses fruits car ainsi, les détenteurs d’un PC ou d’une console de salon, quelle qu’elle soit, pouvaient avoir leur version de Guitar Hero 3. Et malgré un pack Jeu+Guitare à prix élevé (un peu moins de 100€), celui-ci s’est très souvent trouvé en rupture de stock dans les magasins.
Activision n’est pas dupe. Avec près de 80 millions de consoles vendues mi-2008, la petite Nintendo DS était un gros marché potentiel. Guitar Hero : On Tour et Guitar Hero : On Tour Decades sortent respectivement en juillet 2008 et novembre 2008. Ici, console portable oblige, la guitare est remplacée par un accessoire comportant les 5 boutons, et qui s’accroche sur la tranche de la console (le Grip). Pack jeu + grip : 50€. Aujourd’hui, il y a 108 millions de Nintendo DS en circulation, je vous laisse faire le calcul.
Novembre étant toujours propice à la sortie d’un nouveau gros volet de Guitar Hero, c’est en novembre 2008 que sort Guitar Hero World Tour (Guitar Hero IV). Petite révolution dans le monde Guitar Hero car désormais, ce n’est plus seulement la guitare (ou la basse) que l’on peut jouer, mais également la partie chant et la partie batterie. Ce, grâce à un micro sans fil et une batterie en plastique avec des pads que l’on doit frapper en rythme. Le concept n’est pas nouveau, car déjà crée par le principal concurrent : Rock Band. Edité par Electronics Arts, Rock Band avait déjà introduit le concept du micro / chant / guitare / basse / batterie en mai 2008. Le bundle complet Guitar Hero World Tour, avec le jeu et tous les instruments, coûtera la bagatelle de 200€. Une fois encore, encore plus de ventes du bundle que de petits pains par ma boulangère, des chiffres records et vous connaissez le refrain.
En attendant Guitar Hero 5, une version intermédiaire voit le jour en juin 2009 : Guitar Hero Greatest Hits, une compilation de titres piochés dans tous les précédents volets. Un Guitar Hero Best Of en quelques sortes. Ce volet (vendu jeu seul, sans guitare) remporta bien moins de succès que ses grands frères, il ne faudrait pas prendre non plus les consommateurs pour des chèvres. Leur revendre un jeu avec une compil’ de titres provenant des anciens Guitar Hero, ah ah ah, je rigole. Bien évidemment que non, les fans ne l’achèteront pas, ils ont déjà acheté les packs précédents au prix fort…
Fin de la première partie.