« Je sais que Lartizan a entièrement remixé l’EP » rapportait Ahmad à Cosmichiphop au sujet de Justin Herman Plaza, sorti en 2010. L’entreprise n’est pas anodine, puisque c’est cet EP qui a véritablement séduit Lartizan, directeur artistique de LZO Records qui vient de signer le rappeur montpelliérain. L’occasion de jeter un coup d’œil dans le rétro avant de continuer à sillonner la route. Une démarche avec laquelle Ahmad n’est pas totalement étranger non plus, lui qui n’a de cesse de bourrer son rap de références et à chaque nouveau disque, de regarder par-dessus son épaule, pour finalement mieux dégager l’horizon devant lui.
On se souvient l’année dernière de son Hôtel Bilderberg, en collaboration avec Sako (Chiens de Paille). Le titre a largement comblé les attentes de ceux qui se trouvaient en mal de nouveaux horizons à explorer dans un champ musical enfumé. Une production en béton signée Ahmad lui-même, des couplets sans taches et des clins d’œil au hip-hop américain (le sample de The New de Jay Dee lors des cuts). A ce titre, le nom de l’EP lui-même est une référence à un lieu mythique de San Francisco où se réunissaient les skateurs venus de tous les États-Unis pour s’adonner aux joies de la planche à roulettes. Le jeune Ahmad découvrait alors ces images à travers des VHS, où la bande son accompagnant chaque performance était signée Tribe Called Quest, Dutchmassive, Casual (dont le sample du morceau That How It Is est repris sur Avant Nous)… On peut toujours trouver pire au niveau des références ! D’ailleurs, dans l’interlude Sans Les Mains, placé au milieu du disque, on peut entendre un extrait de ces sessions, comme un souvenir qui remonterait au son des tremolos… C’est donc toujours avec un véritable recul et une prise de conscience par rapport à son art (à écouter le titre Avant Nous) qu’Ahmad propose une vision décomplexée, bien que profondément ancrée dans les fondamentaux de la culture hip-hop.
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« Moi je n’ai pas de « public », j’ai quelques personnes qui suivent un peu le truc« , confiait Ahmad à Adikt Blog il y a quatre ans. Pas de pression donc et le style s’en ressent. Sur Justin Herman Plaza, le rappeur finit d’entamer un travail d’identité au niveau du flow et de l’écriture démarré en 2005 sur son premier album, Le Sens de La Formule. Un titre déjà évocateur, tout était déjà là. On soigne la forme autant que le fond à grand renforts de gimmicks, ce qui donne cette impression de spontanéité et tranche avec la haute tenue de certaines lignes. Le regard qu’il porte dans cet EP est étonnamment neuf, loin du baratin qu’on peut nous servir depuis une vingtaine d’années et déjà, ça a le mérite de le placer au-dessus du lot. D’ailleurs, il le dit lui-même dans Ahmadeus Plus qui fait suite au premier morceau de l’EP : « Je pleure, avec une frappeur d’orateur ! / Encore plus frais, et je laisse le rap aux rappeurs« .
Ainsi, il laisse le champ libre et ouvert devant lui : « La limite c’est pas le ciel, c’est les Ovnis ! » peut-on entendre dans l’introduction de L’Aurore Sur Les Lauriers. A chaque sortie, une envie particulière d’écrire qui correspond à l’état d’esprit du moment. Le Sens de la Formule était un premier disque en forme de carnet de voyage, enregistré dans l’empressement mais qui déjà, révélait un excellent lyriciste au regard avisé sur le hip-hop actuel. Ensuite, il y a eu en 2007, Le Môme Qui Voulut Être Roi, un treize titres où Ahmad se révèle comme beatmaker. Justin Herman Plaza, c’est la rencontre de ces deux époques qui mêlent productions épiques et ambitieuses, où la soul côtoie le jazz à chaque morceau. Finalement, on écoute cet EP un peu comme les rêveries d’un « métèque urbain« . Les pistes s’enchaînent, les rimes aussi et tout du long la plume du rappeur court la feuille et s’emballe. On y vient, on s’arrête un moment pour s’y perdre avant d’y revenir et s’y perdre à nouveau avec toujours autant de plaisir partagé. La Berceuse Babylonienne, dernier morceau de l’EP, en est le parfaite exemple. Un pur rêve éveillé où l’artiste dépasse son art pour livrer de « la poésie sortie de la bouche d’un lascar« . Voilà peut-être la ligne la plus juste pour décrire l’œuvre d’Ahmad.
- Aujourd’hui
- Ahmadeus
- Il Neige Eternellement
- Avant Vous
- Sans Les Mains
- L’Aurore Sous Les lauriers
- Défaite d’Estime
- Bhalu
- La Berceuse Babylonienne
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LZO Records, label d’Ahmad
Interview d’Ahmad sur l’ABCDRduson
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2 commentaires
Salut Neska,
Merci pour l’info, j’avais trouvé cette interview sur Ouest Time à vrai dire. Comme quoi sur internet, il faut toujours faire attention
L’erreur est corrigé en tout cas.
C’est bien cool de parler un peu d’Ahmad. Un des meilleurs rappeurs actuellement.
Je vais faire mon relou mais l’interview qui est citée, elle vient d’Adikt Blog (mon blog quoi…) pas de Ouest Time 🙂
Cf : http://adiktblog.blogspot.fr/2010/03/ahmad-justin-herman-plaza-interview.html
Merci !