Quand je suis entré dans l’aventure Désinvolt, un des groupes que je voulais vraiment interviewer, c’était AqME. Je vous avoue que je ne pensais pas faire cet interview avec une telle actualité pour le groupe : le départ de Thomas. J’ai donc rencontré Étienne et Vincent, nouveau chanteur d’AqME, au lendemain de la sortie de Epithète, Dominion, Epitaphe et à quelques jours de leur première date de concert.

Bonjour, pour commencer j’aimerais revenir sur l’événement marquant dans l’actualité d’AqME : le départ de Thomas. J’ai vraiment l’impression que ça a été une surprise pour tout le monde.

Étienne : Ouais, c’était vraiment une surprise, surtout qu’on a préparé le disque pendant un an et demi etc. Donc quand on prépare un disque on ne s’attend pas à ce que l’un des membres s’en aille après. On a envie de le défendre ensemble, de vivre ensemble ce disque-là. Et qu’il nous annonce ça juste après l’enregistrement du disque, donc il y a déjà un moment maintenant, ça nous a un peu coupé les pattes, ça nous a fait un gros coup au moral. Au début, on se disait qu’il allait quand même défendre ce disque avec nous, sur scène, au moins pendant un temps. Et finalement, il a décidé que non. Donc ça a été le deuxième effet ‘kiss cool’ ! On a pris une deuxième baffe dans la gueule. On s’est dit que l’on n’allait pas se laisser abattre, que l’on allait recruter un bon chanteur pour nous aider. Et c’est ce qu’on a fait avec Vincent.
Vincent : Et bonne nouvelle pour moi !

Justement, comment c’est fait le choix de Vincent ?

Étienne : C’est Charlotte et Julien qui ont immédiatement pensé à lui. Moi, je ne le connaissais pas. Et à vrai dire, on connait finalement assez peu de monde, on connait quelques musiciens mais qui ont tous des groupes stables etc. On connait assez peu de gens qui pouvaient être dispos et qui avaient aussi, tout simplement, la capacité de chanter ce que fait Thomas, parce que c’est un style assez particulier. Ils ont immédiatement pensé à lui, et on s’est dit c’est lui ou personne. On n’a pas fait d’audition, rien. C’était lui, fallait que ça marche !
Vincent : Ouais, audition par texto.
Étienne : Ouais.
Vincent : C’était marrant. En fait, Charlotte m’a envoyé un texto où elle me disait : « Est-ce que tu veux venir boire un verre avec Julien, Etienne et moi ? ». J’ai dit : « Oui, pourquoi ? Étienne, je ne le connais pas. « . Elle m’a envoyé cinq-six textos, je n’ai toujours pas compris. Le lendemain, elle m’a dit :  » Tu comprends toujours rien ? », j’ai fait : « Ah oui, est-ce que Thomas est parti ? », elle a fait : « Ouais. », j’ai fait : « Ah, trop bien, on va discuter. « . Et après on a fait une première répète, j’avais appris huit morceaux. Je suis parti faire un tour aux toilettes, je suis revenu, ils m’ont dit : « Ouais, c’est bon. », j’ai fait : « Ah, c’est cool. « . C’est parti comme ça…
Étienne : Tu n’avais pas besoin de partir aux toilettes ; on te l’aurait quand même dit. (rires)
Vincent : Mais il fallait que je parte. Tu vois, c’était la recette.
Étienne : Il est allé vomir un coup aux chiottes. (rires)

Évacuer la pression…

Vincent : C’est ça… Pas de pression, jamais de pression, la musique c’est ce qui compte.

Pour toi, Vincent, cela n’a pas été trop dur d’intégrer un groupe tel qu’AqME avec un tel background ?

Vincent : Je vois plutôt ça comme un challenge. Je ne pense pas trop au passé. Je suis conscient du background d’AqME parce que, moi, j’ai été fan d’AqME. C’est complétement ma tranche d’âge, dans mes goûts et dans la musique que j’écoute. Je prends ça comme une opportunité, comme un signe de la vie. C’est sûr qu’après c’est une place de chanteur ! Une place de chanteur après un album qui a été enregistré par l’ancien chanteur, j’arrive pour la tournée. Donc il faut arriver à se glisser dans les textes de Thomas, chose qui ne me dérange pas vraiment, parce que l’on gravite un peu dans le même univers. Donc, non, super cool. Et dès le début, il y a eu un super feeling avec tout AqME. On s’entend vraiment bien, on se découvre de plus en plus, on rigole de plus en plus. Et ça promet pour l’avenir !

Revenons à Epithète, Dominion, Epitaphe, votre nouvel album. Pouvez-vous le décrire ?

Étienne : Ce n’est pas facile de décrire un disque d’AqME, en général, puisqu’il y a beaucoup de facettes à notre musique. Je pense que ce qu’on voulait vraiment faire avec ce disque, s’il y avait vraiment un sentiment que l’on voulait accentuer encore par rapport à l’album d’avant, c’est le sentiment de puissance que l’on a eu en exécutant certain morceaux de En l’honneur de Jupiter en live. On voulait accentuer ce sentiment-là encore plus sur notre dernier disque et je pense que c’est chose faite. On voulait vraiment mettre une grosse intensité  dans ce disque-là et en même temps pousser encore plus loin le côté ambiant et atmosphérique et vraiment faire se confronter ces deux univers de manière assez violente ! Parce que les passages violents paraissent toujours plus violents quand ils sont contrebalancés aussi par du calme etc. Donc voilà, on voulait vraiment faire quelque chose comme ça de très, très contrasté.
Vincent : Je trouve que c’est le meilleur album d’AqME. Je trouve qu’il y a un fossé qui s’est encore creusé avec Jupiter. Tout a été poussé encore plus loin, aussi bien dans la violence que dans les ambiances. C’est justement, comme disait Étienne, ce contraste qui fait que chaque partie violente ou chaque partie ambiancée sont juste purement ressenties. C’est le meilleur album d’AqME, même au niveau des paroles c’est un truc de fou ! Et Thomas, la voix qu’il a ! C’est juste un truc de fou ! Moi, je suis le premier fan de cet album, parce que je pense avoir été l’un des premier, après AqME et leur entourage à avoir écouté cet album, à avoir eu la chance de l’écouter.
Étienne : Heureusement qu’il aime, sinon… (rires)
Vincent : Ça, c’était cool. Première impression quand j’ai su que c’était moi qui devait chanter : le premier morceau que j’ai écouté : j’ai eu peur ! Parce que j’ai fait : « Ah, ouais, quand même… ». Je dois beugler comme un porc mais c’est pour de bonnes raisons c’est cool !
Étienne : Et en même temps, par moment, il faut que tu chantes avec une voix claire et limpide.
Vincent : Voilà, sur cet album, vraiment par moments, sinon c’est la musique qui est calme.

L’album est sorti hier, il est un peu tôt pour poser la question mais quels sont les premiers retours que vous avez ?

Étienne : Très bons retours justement, on a demandé la réaction des fans sur Facebook. On aime bien tendre le bâton pour se faire taper. Et là, on a eu que des caresses. (rires)
Vincent : Franchement, ouais, ils ont eu que des caresses.
Étienne : Il y a eu une centaine de commentaires, franchement, il y a 97 commentaires qui disaient que c’était un album super et qu’ils adoraient et trois commentaires de gens qui préféraient ce que l’on faisait avant…

Il y en a toujours…

Étienne : Voilà, c’est inévitable… C’est cool, ça fait plaisir, franchement, on a rarement eu des réactions aussi positives à la sortie d’un de nos disques. C’est vraiment bien.
Vincent : Des réactions plus que positives même.

Peut-être parce qu’il était super attendu par ce qui s’était passé, le départ de Thomas…

Étienne : Ouais, peut-être… Même si je crois que les gens arrivent à l’écouter pour ce qu’il est : un disque comme les autres, finalement. C’est la suite qui sera différente. L’album en lui-même, on l’a conçu en n’ayant pas d’arrière-pensées, quand on l’a fait. Je crois qu’ils l’apprécient en tant que tel. Certains disent, effectivement, que ça rend le truc encore plus dur de savoir que Thomas s’en va mais cela ne change pas la qualité de l’album et ça ne change pas la qualité des futures prestations de Vincent.
Vincent : Ouais c’est clair. On s’en écarte, je ne vais pas dire pas du tout, mais on s’en écarte pas à un point de se dire : « Qu’est-ce qu’il fait là ? ». Non, je suis resté fidèle à ce qu’a fait Thomas, après j’ai surement dû mettre ma patte mais sans m’en rendre compte parce que chaque être humain, surtout au chant, est unique…

Tu n’es pas un clone de Thomas…

Vincent : Non, non, déjà je suis tout petit, je ne fais pas la taille de Thomas ! (rires)
Étienne: Et on lui a surtout pas demandé d’être un clone, ça nous intéresse pas du tout. On a besoin d’un type qui sache crier et chanter, ce qui était le cas de Thomas, parce que c’est un élément indissociable d’AqME. Mais après le timbre de voix, justement on profite à chaque fois des changements pour que cela soit un coup de neuf, qu’on ait du sang frais qui arrive dans le groupe, que cela permette, aussi, à l’avenir de profiter de ça pour se renouveler et de continuer d’évoluer.

Que cela soit, dans votre malheur, entre guillemets, bénéfique au groupe ?

Étienne : Exactement…
Vincent : Transformer le négatif en positif !
Étienne: C’est ça !
Vincent : C’est la nouvelle vibe d’AqME.
Étienne: Ouais, Ouais… ça a toujours été ça de toute manière, mais parfois il faut l’appliquer encore plus que d’habitude.
Vincent : Ah, ouais, il faut y penser, y penser, y penser…

C’est la cinquième fois que vous enregistrez avec un producteur Suédois, qu’est-ce que cela apporte au « son d’AqME » ?

Étienne : On a un vrai attachement à la Suède, moi, je suis à moitié suédois. Magnus, ça fait des années qu’on a envie de bosser avec lui. On suit depuis un bon moment les prods qu’il a fait avec son groupe, Cult Of Luna, et on voulait qu’il nous apporte quelque chose de très organique, d’un peu étrange sur cet album. Ça ne correspond pas vraiment au style de production qui se fait aujourd’hui, c’est beaucoup plus brut, plus organique. C’est vraiment ce qu’on voulait.

Parlons un peu de la pochette de l’album que je trouve très réussie.

Étienne : Merci, j’y suis pour rien, mais merci.
Vincent : Je me suis déchiré sur ce coup-là ! (rires)

C’est vraiment que quelque chose d’important pour vous d’avoir un visuel aussi travaillé ?

Étienne : Bien sûr, c’est important. Thomas est graphiste de formation donc il a toujours eu un œil bien aiguisé sur ce qu’il voulait et ce qui pouvait correspondre au groupe. Il est responsable des trois quarts des visuels qui sont dans l’album. La pochette en elle-même a été faite par Maks Pathologikal. Thomas a voulu aussi faire appel à quelques graphistes qu’il aimait bien pour enrichir le visuel car c’est aussi enrichir la palette d’émotions de la musique. Et il trouvait que c’était une bonne manière de faire un visuel vraiment complet. Au final, il y a eu un visuel par titre mais il a fait bosser différentes personnes : un photographe qui s’appelle Laurent Edeline, un autre graphiste qui s’appelle Hyde Omega… Et je crois que j’en oublie comme d’habitude… Et résultat, ces gens ont fait un super travail aussi et ça apporte vraiment une belle pierre à l’édifice. Le disque est une réussite aussi visuellement. Ça nous fait bien plaisir d’avoir eu des gens qui ont bien voulu nous donner des visuels. Ils l’ont fait gracieusement. On ne  les remerciera jamais assez.

C’est sûr qu’actuellement avec la dématérialisation de la musique ce n’est pas évident, le visuel passe au second plan, mais j’aime bien les groupes qui apportent autant d’importance à leur pochette…

Étienne : Ça participe du voyage…
Vincent : C’est un joli reflet de la musique, en soi, surtout dans cet album-là, où, vraiment, chaque titre a son image. Et c’est ce qu’on essaye d’exposer  sur le Facebook en mettant les bannières et ça, c’est pour montrer qu’AqME ne se cantonne pas à la musique. C’est vraiment cool. Chaque musique, chaque titre a son image et c’est vraiment important. Si on pouvait mettre ça en avant, sur scène, ça serait génial ! Mais là, on serait un groupe de fou ! (rires)
Étienne: Un background par morceau…
Vincent : Avec les costumes et tout… Sur Luxe Assassin, on se mettrait en renard…
Étienne: Génial ! On se mettrait en renard ! (rires) Trop bon, on sort nos déguisements !

Vous avez quelques dates de concert de prévues très bientôt. Vous avez hâte de défendre le nouvel album et cette version 3.0 d’AqME sur scène ?

Vincent : Ouaiiiiiiiiiiiis… Moi, je n’en peux plus. On fait la première date samedi donc le 14 avril. Je pense déjà à quand on sera dans le camion, samedi matin. Partir, arriver, faire les balances et tout… Et soit me prendre des tomates, soit me prendre des bières dans la gueule, ça sera bien. Voilà. Les concerts je pense qu’il nous manque que ça aujourd’hui pour être au top, top. Et après cela sera cool. C’est en train de se construire.
Étienne: On a hâte de montrer aux gens qu’ils ont eu raison de continuer à nous suivre, tout simplement. Même si on a changé de chanteur et qu’on est dans une période difficile. On a envie de partager avec les gens, qui nous suivent et qui nous aiment, cette période-là et de leur monter qu’on est toujours là. Et qu’on est toujours un vrai groupe et que le changement avec Vincent c’est quelque chose de compliqué mais, qu’au final, cela sera quelque chose de positif. On n’a qu’une envie c’est de partager ça avec eux pour que les gens nous disent : « OUAIS, vous avez eu raison de continuer les gars ! Vous avez eu raison de ne pas baisser les armes. ».
Vincent : Et peut être qu’ils disent : « A quand le prochain album ? » !
Étienne : Voilà.
Vincent : Ça serait bien. On nous a souvent posé la question : « Est-ce que vous envisagez de faire un prochain album ? ». On ne savait pas quoi répondre, mais là, je me dis que si les gens viennent nous voir en disant : « Ouais, j’espère que vous allez faire un nouvel album », ça nous motiverait.
Étienne : Ouais, carrément ! Bien sûr ! La motivation, elle est là, après on est obligé de vivre au jour le jour, on recrée une histoire. Une histoire longue de treize ans s’arrête et une nouvelle redémarre. C’est vrai que c’est un gros chamboulement pour nous et pour Vincent. C’est quelque chose de nouveau pour lui aussi donc on a besoin de vivre ensemble pour devenir un vrai groupe, à nouveau. C’est normal, ça se fait au fur et à mesure ça…
Vincent : Comme dirait Julien : « Il faut que l’on apprenne à respirer ensemble. ». Voilà, c’est joliment dit et c’est exact parce que, dans la musique, il faut vraiment respirer ensemble pour tout mettre au bon moment et avec autant de conviction l’un que l’autre.
Étienne : C’est exactement ça…

Pour finir un dernier mot pour les lecteurs de Désinvolt ?

Étienne : Il faut continuer à soutenir la scène française ! Il y a plein de supers groupes, en ce moment, qui méritent le détour, qui n’attirent pas toujours assez l’attention du public. En tout cas, le public n’est pas toujours assez attiré par ces groupes-là…
Vincent : Pas assez curieux…
Étienne : Pas assez curieux peut-être. Je pense à Memories Of A Dead Man, je pense à…
Vincent : Celeste
Étienne : Celeste, Darkness Dynamite,… The Butcher’s Rodeo, qui est l’autre groupe de Vincent, Noswad… J’en oublie, forcément, comme d’habitude…
Vincent : Ouais, ouais, toute la scène underground, voilà…
Étienne : The Prestige
Vincent : On oublie des gars comme Admiral’s Arms qui partent en tournée avec Norma Jean et The Chariot, ce n’est pas une tournée anodine. C’est quand même une tournée de dingue avec des gros groupes américains et les gens ne connaissent pas ce groupe-là. Moi, ça m’épate et ça me sidère. Ils sont super forts… Il y a tellement de groupes que l’on pourrait citer. Après, voilà, ceux-là, c’est ce qu’on appelle la scène parisienne, après c’est sûr dès qu’on va en province, les gens ne connaissent pas, mais c’est normal. On espère à travers les interviews faire passer le mot, relayer un peu. Faut que ça buzze un peu. Faut revenir comme avant, à la bonne scène française, comme a pu connaitre AqME, où il y avait du monde et aujourd’hui ça manque de monde. Après, on ne va pas forcer les gens à écouter la musique. Ah, tu vas écouter ça, là ! (rires)
Étienne : Non, mais la roue tourne, ça va revenir. C’est vrai qu’on a l’impression que beaucoup de groupes français, aujourd’hui, attirent finalement plus l’œil des étrangers que des français. Et voilà, il faut essayer de continuer de faire la promo de ces groupes-là, de tous les groupes…

Merci

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