En ce dernier jour du Rock en Seine, c’est un peu le moment du bilan. On prend un peu de recul sur la programmation. Cette année encore, le Rock en Seine démontre sa qualité de festival majeur de l’été. C’est là qu’il faut être pour avoir la chance de voir un maximum de groupes en vogue. On peut noter un glissement manifeste vers l’électro, tandis que le rock, en tant que style musical, prend une place de plus en plus réduite. Malgré tout, les artistes sont toujours d’une grande qualité, avec la présence de grands groupes internationaux, de découvertes de la scène française ou même d’ovnis complètement improbables.

On arrive, en ce dimanche, sur la Scène de la Cascade pour Juan Wauters. C’est une totale découverte. Un guitariste aux faux airs de Bob Dylan, torse nu et coiffé d’un chapeau de paille, distille une folk décontractée à la guitare acoustique. La prestation a un côté détendu, désinvolte, presque à l’arrache. Le chanteur peut faire penser à Tom Sawyer, et le tout a l’air d’avoir été bricolé la veille entre potes. La musique est assez agréable, les quelques morceaux chantés en espagnol passent particulièrement bien.

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Virage à 180° pour Last Train sur la Scène de l’Industrie. Les jeunes mulhousiens envoient un rock à guitares saupoudré de gros riffs énergiques. Le son, bien saturé, reste assez mélodique. Sur scène on regarde des gamins fringués tout en noir et en cuir, sautiller sans relâche. Les riffs tirent sur le blues-rock, et l’on apprécie de bonnes lignes de basses. Il y a une dimension un peu hard-rock dans l’instrumentation et le chant. À peine la vingtaine, les gars de Last Train ont déjà presque dix ans d’existence. On assistera à un déchaînement d’excitation en fin de set avec des instruments jetés à terre dans un torrent de distorsion. Une vraie bourrasque rock.

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On se dirige ensuite vers la Scène de la Cascade où se produit Fuzz. Le groupe joue un rock alternatif, enrobé dans une esthétique hippie et un son grunge. On écoute de gros solos de guitare soutenus par une batterie grondante. Les riffs bien lourds sentent le bitume californien. Le chant est assuré tant par le batteur que par le bassiste. Les musiciens ont le visage caché par leur longue chevelure et l’on peut apercevoir leur face blanchie de maquillage lorsqu’ils relèvent la tête. Si Nirvana avait vieilli sans rien changer à sa ligne artistique, ça aurait pu ressembler à Fuzz.

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Les oreilles bourdonnent encore quand on arrive sur la Scène de l’Industrie pour voir Seinabo Sey. C’est ma vraie révélation du Rock en Seine 2015. Sur scène, une batterie, une basse et un clavier entourent une voix impressionnante. La chanteuse est une suédoise de vingt-quatre ans qui fait vibrer la foule avec la présence vocale d’une diva soul à la Whitney Houston. Originaire de Gambie, elle propose un son entre Woodkid et Morcheeba. L’ambiance est cool, à tendance trip-hop. C’est leur premier festival en France. On savoure les très belles mélodies au clavier, les modulations soul du chant, et les sublimes changements d’octave. Seinabo Sey a une présence scénique tout en retenue, entierement drapée de rouge vermillon. Les passages électro sont hyper efficaces. On regrettera un son parasité par celui des scènes adjacentes. Elle reprendra un morceau a cappella, rendant ainsi compte de toute sa maîtrise vocale et scénique. La chanteuse se confond en remerciements touchants en fin de concert. On est ravis et comblés.

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Un peu dans les nuages, on s’installe sur la pelouse de la Scène de la Cascade pour accueillir Jungle. Le groupe avait toute sa place dans cette édition tropicale du Rock en Seine. Les artistes nous donnent à entendre une pop teintée d’électro-rock, mélodique et bien rythmée. Ils sont assez nombreux sur scène. La voix du chanteur se fait éthérée et planante. La basse est funky à souhaits. Les réorchestrations électroniques sont plutôt sympas et remplies de basses vibrantes. Le public est réactif et conquis par la musique de Jungle, qui donne une belle transition vers Tame Impala.

Figure très attendue de ce dernier jour, le groupe australien a fait des heureux. Tame Impala ouvre son set dans un tonnerre de distorsion et d’effets psychédéliques. Les morceaux prennent une couleur dansante très appréciable en festival. On note un aspect très rock dans les lignes de guitare. Les instrumentations sont très intelligentes et rendent compte d’un travail élaboré de composition. On se fait littéralement emporter par les mélodies qui remplissent les cellules auditives. Le son a un côté 70’s, post-hippie, agrementé d’une dimension électro particulièrement intéressante.

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On passe sur la scène Ile-de-France pour ne pas louper la performance de Billie Brelok. Ne vous fiez pas aux apparences, le petit bout de femme a tout d’une grande, d’une très grande même. Elle balance des textes puissants avec un phrasé d’une précision chirurgicale. Billie Brelok file un uppercut magistral aux idées reçues et aux préjugés. Son rap est beau, mélodique et poétique tout en restant cru et rocailleux comme le sol de la rue. On salue l’excellent Bâtarde et on entonne en chœur les « y’a de la place« . Elle joue avec les sens et les sons des mots. Elle passe avec une aisance déconcertante du français à l’espagnol pour le magnifique Lima, Limòn. Sur scène, elle est entourée de musiciens au visage masqué qui font un bel écrin aux paroles de la chanteuse. Le set se termine magistralement sur La Mine Et La Gomme. On la reverra, c’est certain.

On quitte le festival sur les notes des douces melodies d’Alt-J. Un regret pointe le bout de son nez à l’idée de louper les Chemical Brothers. On est un peu fourbus mais ravis de tant de découvertes et de rencontres. Gardez l’œil attentif sur les prochains articles de Désinvolt car le Rock en Seine 2015 n’a pas encore livré tous ses secrets.

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