S’il y a une chanson que j’aime chez Saez, mais quand je dis aimer, c’est celle qui me fait chialer à coup sûr, celle que je mets quand j’ai envie de me poser, quand je suis triste, celle qui me permet de toucher le fond pour mieux remonter, celle qui m’a fait tomber amoureuse de ce chanteur, c’est Montée là-haut..

Les paroles sont relativement simples quand j’y pense, mais l’amour ça ne se raisonne pas, alors pas d’analyse en trois parties thèse-antithèse-synthèse, je vais parler avec mon cœur, mes tripes, pour tenter de décrire ce que je ressens avec cette chanson.


Le ciel ne sera plus jamais
Aussi noir qu’il n’est aujourd’hui
Comme un soleil ensorcelé
Tes yeux se perdent dans mes nuits
On n’était pas du même monde
Mais qu’est-ce que ça fait maintenant
Puisque les anges et les colombes
Se sont enfuis avec le vent

Depuis que t’es montée là-haut
Les anges n’ont jamais été plus beaux
Depuis que t’es montée là-haut
Ici moi je me sens toujours de trop

Paraît que t’étais une princesse
Moi je n’en ai jamais connue
Juste des larmes et des détresses
Et ma chanson un peu perdue
Si un jour tu veux redescendre
Sache que mon cœur est ouvert
Et qu’il saigne à n’en plus comprendre
Où est l’Éden où est l’Enfer

Depuis que t’es montée là-haut
Les anges n’ont jamais été plus beaux
Depuis que t’es montée là-haut
Ici moi je me sens toujours de trop

Depuis que t’es montée là-haut
Ici moi je me sens toujours de trop (x2)

Dès la première écoute de Jours Etranges, cette chanson m’avait marquée, peut-être parce que ça parlait d’un au-delà auquel je ne croyais plus trop, tout en voulant croire qu’il y avait autre chose après la mort. Peut-être aussi parce que ça parle de séparation, et que chaque chagrin d’amour est une petite mort.
Cette chanson est devenue mon refuge quand je suis partie au Québec, et que j’ai perdu quelqu’un de ma famille que j’aimais beaucoup. Être à 8 000 km de sa famille, ça n’aide pas pour gérer un deuil. Et comme souvent, je me suis réfugiée dans la musique pour mieux canaliser ma douleur, pour extérioriser mon chagrin.
Tout naturellement, c’est Montée là-haut que j’ai mis en lecture sur mon MP3, le laissant tourner en boucle pour m’occuper l’esprit, m’empêcher de penser à cette personne que je ne reverrai plus jamais, pour adoucir ma peine. Pour me permettre de me reprendre aussi, car j’avais appris la nouvelle en plein milieu d’une semaine de travail, et je ne pouvais pas me permettre d’être trop « zombie » vis-à-vis de mes collègues, qui comprenaient mon chagrin, mais quand on doit abattre 12 heures de travail par jour, faut bien trouver un exutoire pour tenir.

Montée là-haut pour moi c’est l’histoire d’un amour perdu, et quelle que soit la forme de l’amour, quelle que soit la personne qui est partie… C’est aussi l’espoir, de se retrouver « là-haut », de se dire que tout n’est pas définitivement fini. C’est mon soutien quand je suis triste, ce qui me permet de relâcher des larmes trop longtemps contenues, le cantique que je ne chanterais jamais à un enterrement mais qui traduit si bien ma tristesse.

Photos © Laure Maud &
Jean-Baptiste Mondino