Sensibilité, fulgurance, spontanéité. Dans le désordre: Varsovie, L’Alhambra, Paris. Triptyque hétérogène axé sur l’interprète qui porte sur son dos tout le poids de ses mots, dont deux de ses volets pratiquement a capella. Le ton touche à Brel et à Barbara, confirmant les inclinaisons de Saez pour les grands noms de l’interpretation à la française, Nougaro, Bashung, Cantat avec ce quelque chose de théâtral, de mise en scène. Le chant qui raconte, qui vit, quand l’intonation apporte un plus au sens. Album fleuve, une trentaine de titres au total des trois CD, entre merveilles et quelconques, densité des textes et instrumentalisation minimale, le tout pour une réelle surprise qui saura à coup sûr aiguiser les curiosités.
Paris
Opus maître de cet ensemble, car le seul à être aussi commercialisé indépendamment des deux autres, c’est aussi le plus abouti, le plus « fini ». Les mélodies sont travaillées, les effets sont léchés, l’ensemble bien plus consistent que Varsovie ou L’Alhambra. On y retrouve plusieurs titres majeurs, toujours dans les thématiques propres à Saez, qui s’enchaînent très facilement, les femmes, l’évasion, et les problématiques politico-sociales contemporaines, leur attribuant presque légèreté et accessibilité. Mêlant à cela quelques morceaux un peu plus improbables comme Le Cavalier Sans Tête ou Kasia, le tout sonne juste, avec une personnalité propre, inédite.
Quand fait suinter l’aiguille
Pour un tour aux merveilles
Et Dieu entre tes bras. »
On retiendra l’hymne poétique et utopique Jeunesse lève-toi, pour y croire encore « Pour faire du bruit encore à réveiller les morts, Pour redonner éclat à l’émeraude en toi », véritable réussite artistique et idéologique. Très chanson dans la forme, pas si loin que ça du rock dans le fond, d’une Alice sous héroïne, à S’En Aller, ou encore On A Pas La Thune, la créativité vaut le détour et le temps de l’écoute. Toujours cette touche d’espoir dans la noirceur glauque des nuits parisiennes. Mon coup de cœur, son coup de sang, Putains vous m’aurez plus, dans la désillusion des pires déceptions, de celle qui laisse un arrière goût de trahison, » Je meurs à l’instant si l’envie me reprend de remettre ma tête dans la gueule du serpent ». Sous oublier Des Marées D’Écume ou Toi Tu Dis Que T’es Bien Sans Moi, riches de tristesse et d’abandon, un premier CD surprenant, épatant, déjà intimiste, mais attendez… nous ne sommes pas au bout de nos surprises… « A ces fous qui comme moi finiront pas la nuit, je vous le dis putains, putains vous m’aurez plus ».
Varsovie – L’Alhambra
Varsovie et L’Alhambra, les volumes deux et trois, assez semblables dans leur fil conducteur et dans leur conception. Dans l’intimité d’un studio, et d’un cœur en miettes. Saez se livre, aux frontières de la thérapie, et met sa souffrance en musique. Des poèmes spontanés, ressentis d’un instant clé, une mise à nu, une confession indécente, ou l’on se retrouve presque gêné de partager ses peines. Les merveilles y côtoient le loufoque, des morceaux difficiles à s’approprier, peut être trop personnels, qui ne sauront que mettre encore plus en valeur ceux où Saez touche la grâce, que ce soit par ses mots, ou par son interprétation.
Et que bien trop souvent elles oublient d’être gentilles
Car si l’homme est un chien, c’est qu’il est plus fidèle
Plus fidèle à des chattes qui se feront la belle. »
Les Bars Du Port très brelien, L’Abattoir et le presque punk Quand On Perd Son Amour donnent le » La » sur L’Alhambra, au gré des titres sombres et des images noires, Saez le romantique, Saez le revanchard, Saez l’utopiste déchu, l’amoureux déçu, héros romantique contemporain, blessé en son cœur. Ceux qui sont en laisse et Dis moi qui sont ces gens complètent sur Varsovie ce magnifique tableau, au milieu de morceaux peut-être moins touchants (avis forcément subjectif) mais toujours atypiques.
Un autre romantique qui se verra en moi,
Il se dira sans doute: « Oh c’est beau comme il l’aime! «
Mais qu’il sache que je n’ai jamais aimé que moi.
Qu’au lit ou dans le cœur l’égoïsme est la mère des générosités. »
- Paris
- Jeunesse lève toi
- S’en aller
- On a pas la thune
- Alice
- Le cavalier sans tête
- Vous m’aurez plus
- Des marées d’écumes
- Intro
- Tu me dis que t’es bien sans moi
- Kasia
- Varsovie
- Ceux qui sont en laisse
- Je suis le christ
- Que tout est noir
- Dis moi qui sont ces gens
- Goraszewska
- Je suis perdu
- Anéanti
- On meurt de toi
- Chanson pour mon enterrement
- Au delà du brouillard
- Au delà du brouillard (thème)
- Je cherche encore
- Les bars du port
- À l’Alhambra
- Quand on perd son amour
- L’abattoir
- On s’endort sur des braises
- Tango
Varsovie
L’Alhambra
2 commentaires
ouh la oui grossière erreur de copier-coller… merci de me la réveler et merci pour ton commentaire, l’interprétation de l’album dépend surtout de celui qui l’écoute je crois, et c’est ca qui nous touche, on se le personnalise.
16 – Au tour de moi les fous
J’crois que tu t’es gourré. Bon article, je respecte beaucoup ta vision des choses, néanmoins pour moi c’est Varsovie-Alhambra-Paris