Le coup de foudre! Si bien que je me passe en boucle le disque depuis deux semaines déjà. Deux semaines que je n’ai plus de vie, que je ne communique plus. Que je sois en voiture, dans ma chambre, sous la douche, chez mes potes ou encore, à ce moment précis, en train d’écrire cette chronique, j’ai toujours un exemplaire dans la poche prêt à être installé dans un lecteur et à tourner en boucle.
Quand on cherche une signification au nom Art District, on tombe rapidement sur cette définition : « Les arts districts désignent les quartiers centraux des grandes villes américaines revitalisés par une politique qui vise à attirer les artistes et les institutions culturelles« . Sans chercher plus loin, on se dit que c’est une signification qui colle tout à fait au groupe.
Car Art District c’est un véritable pôle d’influences réunissant sous son toit des univers aussi différents que le jazz, la soul, le funk et bien sûr le hip-hop.
Pour faire un bref résumé, le groupe est né en 2006 à Strasbourg et a été rejoint par Mr.E (originaire de New-York) en 2007. Art District se démarque des productions actuelles, puisque mis à part le rappeur Mr.E et le beatboxer Rhum1, aucun des autres membres n’est affilié au monde hip-hop. Un son qui lorgne plutôt du côté des années 90, l’âge d’or pour les vieux nostalgiques que nous sommes. Une originalité qui assure au groupe de rassembler un large public.
Trois ans auront donc été nécessaires à Mr.E et ses musiciens pour nous concocter ce bel objet. Un album bourré d’influences et qui respire la sincérité. Dans les textes et la voix tout d’abord, celle de Mr.E, marquée par des artistes comme Mos Def, X-ecutionners, Run DMC, Masta Ace… (qu’il cite au passage sur le nostalgique Back In The Day) qui nous sert avec bonheur ses rimes intelligentes sur un flow ultra fluide à vous décoller la cire que avez dans les oreilles et très riche techniquement. L’homme enchaine de Definition à Over Again avec la même énergie avant l’apothéose Cell et son refrain plus qu’entrainant (je mets au défi quiconque de ne pas bouger ne serait-ce qu’un cil sur ce titre).
Musicalement, le groupe a choisi une voie plutôt jazzy, mis à part le premier titre qui ouvre l’album sur une touche ska assez explosive. Le duo basse/batterie joue fort et assure le groove pendant que les cuivres et le clavier font leur boulot, apportant de la chaleur au reste. L’ensemble est classe et sophistiqué mais reste assez ouvert pour que Rhum1 vienne caler son beat box entre tout ça sans faire tache au milieu du tableau. Une osmose qui donne l’impression que chacun de ses membres se nourrit des autres pour créer une musique en constante évolution. Des morceaux comme Elements ou encore Moz’art District le confirme. Sur ce dernier titre, qui clôture aussi l’album, le claviériste reprend Rondo Alla Turca de Wolfgang Amadeus Mozart et Mr.E lance alors un dernier cri d’amour envers le hip-hop et la musique en général, à cet art qui l’anime tous les jours, avant de terminer par ce gimmick : « We’re influenced by everything around! ».
10 chansons (dont deux interludes) et voilà que c’est déjà la fin! A se demander si tout cela n’est pas qu’un vaste complot visant à se repasser le disque encore et encore jusqu’au lavage total de notre cerveau. Et bien, s’il s’agit vraiment d’un complot diabolique, contrairement à tout ce que l’on peut voir à la télévision, les méchants sortent ici victorieux pour une fois.
Avec Art District on retrouve un hip-hop qu’on avait un peu oublié, une musique fabriquée de toutes mains par de véritables mélomanes qui aiment ce qu’ils font et le partagent avec plaisir et amour!